La famille Keita Mansaré a été placée cet après-midi en détention aux bureaux de l'Agence des services frontaliers en attendant leur expulsion du Canada, prévue ce soir.

> Voir notre galerie photo



C'est la troisième fois que les six Guinéens doivent être expulsés. La famille ne s'était pas présentée à son premier rendez-vous en raison de l'hospitalisation de leur mère, Kankou Keita Mansaré. La deuxième tentative avait été annulée dans la confusion la plus totale en raison de l'absence de documents de voyages pour les enfants. La rencontre avait également été perturbée par la tenue d'une manifestation de partisans de la famille et l'une des enfants, Zenab Mansaré, s'était effondrée à l'aéroport.

En leur demandant de se présenter cet après-midi aux bureaux de l'ASFC avec leurs bagages, le gouvernement cherche visiblement à éviter toute nouvelle anicroche, estime l'avocat de la famille, Me Salif Sangaré. «On leur a sûrement donné rendez-vous ici pour qu'ils puissent les prendre eux même en charge pour éviter qu'il y ait des manifestations.»

Kankou Keita Mansaré et ses cinq enfants devraient être transportés par fourgon vers 18h00 à l'aéroport Pierre-Eliott-Trudeau d'où ils entameront leur voyage de retour vers la Guinée.



Entre espoirs et trahison

Les larmes aux yeux, plusieurs de leurs proches ont dû faire leurs adieux aux six Guinéens, se sentant impuissants devant la bureaucratie qui refuse de leur accorder un sursis. «C'est une famille extraordinaire. Ils ne méritent pas ce qui leur arrive», a déploré une amie de la famille, Nancy Savoie. Cette femme de Laval s'est liée d'amitié voilà trois ans avec les six Guinéens qui habitaient non loin de chez elle. Aujourd'hui, elle se sent «trahie» de les voir partir.

«Je garde toujours espoir que le gouvernement donne un sursis jusqu'à la dernière minute, mais avec ce que je viens de voir, je crois qu'ils vont bel et bien les expulser», se désolait Nancy Savoie. La femme qui a fréquemment accompagné son amie, Kankou Keita Mansaré, aux bureaux de l'ASFC pour ses rendez-vous hebdomadaires. Mais hier, on lui a refusé l'accès au bâtiment. C'est donc sur le trottoir, au pied de l'imposant édifice où loge l'Agence au centre-ville de Montréal, que les deux femmes ont dû faire leurs adieux.

À l'écart pendant que ses frères et soeurs rassemblaient leurs bagages, Abraham Mansaré, 8 ans, sanglotait en silence. «J'ai des amis qui veulent venir avec moi si je dois partir là-bas».

Hugo-Sebastien AUBERT

Alasane (12 ans) et Abraham Mansaré (8 ans) sont pensifs, quelques minutes avant d'entrer dans l'édifice d'Immigration Canada.