Si elle est élue, la chef du parti Wildrose de l'Alberta, Danielle Smith, compte faire pression sur Ottawa et sur les autres provinces pour revoir le système de péréquation qui rapporte plus de 7 milliards de dollars par année au Québec.

Au cours d'un débat électoral mardi soir à High River, au sud de Calgary, la politicienne en tête dans les sondages en vue des élections de lundi a été particulièrement critique à l'égard des programmes sociaux offerts par la province francophone, comparativement à ceux de l'Alberta.

«Il y a des provinces, comme le Québec, qui peuvent fournir de l'électricité subventionnée. Ils ont des garderies à 7$. Leurs étudiants paient la moitié en droits de scolarité de ce que les nôtres paient. Ils ont plus de programmes couverts dans leur système de soins de santé. Ils ont plus de médecins, d'infirmières et de professeurs par habitant», a-t-elle lancé.

Elle a ajouté que lors d'une visite au Québec, une des personnes qu'elle a rencontrées a dit: «Peut-être que nous ne voulons pas exploiter notre gaz de schiste parce que ça va augmenter nos revenus et ça va réduire la somme d'argent que nous allons recevoir en péréquation.» L'assistance a accueilli cette histoire en riant.

«C'est un programme brisé et le seul moyen de le réparer est si l'Alberta démarre la conversation», a conclu la chef du Wildrose.

Plus de 7 milliards

La péréquation est un programme inscrit dans la Constitution par lequel le gouvernement fédéral distribue de l'argent aux provinces les plus pauvres. Le but est de leur permettre d'offrir des services provinciaux comparables pour les citoyens de tout le pays.

Cette année, six provinces recevront 15,4 milliards. Le Québec reçoit le plus d'argent, soit 7,4 milliards. Cela représente environ 10% de l'ensemble de ses dépenses budgétaires, si on tient compte des quelque 8 milliards alloués au service de la dette.

Le fait que l'Ontario soit maintenant une province «pauvre» ajoute aux pressions financières sur les quatre provinces «riches» qui contribuent au système: l'Alberta, la Saskatchewan, la Colombie-Britannique et Terre-Neuve.

À Ottawa, un porte-parole du ministère des Finances, Jack Aubry, a affirmé qu'il n'y avait pas de changement prévu dans la formule de péréquation d'ici à 2018-2019, à la suite des derniers changements survenus en 2008-2009.

Mais des changements devront être faits bien avant la fin de la décennie, selon Marco Navarro, politologue et directeur de recherche au Frontier Centre for Public Policy, laboratoire d'idées libertarien de l'Ouest.

«Vous avez maintenant 60% de la population qui reçoit de l'argent qui provient de 40% de la population. C'est insoutenable», a-t-il tranché.

Proche de Harper

Danielle Smith n'a pas donné d'échéancier quant à ses intentions, ni de détails sur la position qu'elle entend défendre. Elle a cependant indiqué à plusieurs reprises qu'elle s'attaquerait énergiquement à ce dossier et que ses bonnes relations avec le gouvernement Harper l'aideraient à le faire. Un député albertain du gouvernement Harper, Rob Anders, a d'ailleurs récemment déclaré à un hebdomadaire d'Ottawa que la plupart de ses 27 collègues du caucus conservateur de l'Alberta appuyaient le Wildrose.

Cette intention de revoir le programme de péréquation est inscrite dans les mesures du parti et se trouvait sur son site web jusqu'à tout récemment. Une version préliminaire mentionnait la possibilité de contester la constitutionnalité de la formule devant les tribunaux.

«En 2009 seulement, les contribuables albertains ont envoyé 21 milliards de dollars de plus au gouvernement fédéral pour l'usage direct des autres provinces qu'ils n'en ont reçu en retour, peut-on lire dans cette section qui parle de péréquation et d'autres transferts fédéraux. Cela équivaut à environ 5700 $ pour chaque homme, femme et enfant dans notre province - de loin la plus grande contribution par habitant au Canada.»