Un maringouin a eu du flair, la semaine dernière, sur la Rive-Sud de Montréal. Il est allé voler près de Jacques Brodeur, professeur de biologie à l'Université de Montréal et entomologiste.

Rencontrer ce moustique en mars, «c'est tout à fait exceptionnel», a dit M. Brodeur, aussi titulaire de la chaire de recherche du Canada en lutte biologique. «Peut-être que cette année, il y aura de 14 à 15 générations de maringouins, plutôt que 12 ou 13», a-t-il expliqué. Ne vous grattez pas tout de suite: cela ne veut pas dire qu'il y aura plus de maringouins, puisque leurs facteurs de mortalité peuvent aussi augmenter.

Quant au retour du froid, il n'affecte pas outre mesure les insectes. «Leur capacité à résister à une vague de froid, de chaleur ou à la sécheresse est beaucoup plus grande que celle des plantes, en général», a souligné le spécialiste. S'ils ne migrent pas en automne, les insectes du Québec entrent en diapause, un état de dormance semblable à celui des ours qui hibernent, quand le froid arrive.

Vers trois générations d'un insecte nuisible

En plus des moustiques, des mouches, des bourdons et des carabes ont repris leurs activités avec l'arrivée du beau temps, la semaine dernière. «Comme leur métabolisme est encore très ralenti, ils peuvent facilement retourner dans un état de torpeur quand il se remet à faire froid», a expliqué M. Brodeur. Semble-t-il que quelques humains sont tentés de faire pareil...

Plus largement, le réchauffement climatique a des impacts sur plusieurs insectes. Au Québec, on compte une ou deux générations par été de pyrale du maïs, responsable de pertes importantes dans les cultures de maïs sucré. «On sait que si le réchauffement climatique se poursuit comme c'est entamé, on va plutôt avoir trois générations de pyrale, a illustré l'entomologiste. Ça causera deux fois plus de problèmes aux producteurs, parce que les populations augmenteront plus rapidement.»