Le CAA-Québec demande au gouvernement du Québec de créer une «structure provinciale neutre et indépendante» afin de planifier le développement des transports collectifs, avant d'imposer toute nouvelle contribution des automobilistes à leur financement, par les taxes sur l'essence ou le péage routier.

Dans un «document de réflexion» soumis le mois dernier au ministère des Finances du Québec, dans le cadre des consultations budgétaires, le CAA réclame «un moratoire sur les hausses de taxes sur l'essence, sur l'immatriculation, et sur toute décision d'autoriser le péage routier» jusqu'à ce que Québec se dote d'une «politique globale de financement de la mobilité».

Ce document vise à répondre aux demandes formulées par les sociétés de transports en commun du Québec depuis janvier dans le cadre des consultations précédant la présentation du budget provincial, prévue pour mardi prochain.

Afin de combler les besoins plus grands en financement que l'on prévoit pour les prochaines années, la Société de transport de Montréal (STM) a recommandé «une participation accrue des automobilistes de la région de Montréal, par le recours à la taxe sur l'essence, la taxe sur le stationnement, les droits d'immatriculation ou encore à des péages étendus sur l'ensemble du territoire métropolitain».

L'Association du transport urbain du Québec, qui représente les neuf plus grandes sociétés de transports en commun de la province, a quant à elle préconisé une hausse des taxes sur l'essence de 5 cents par litre, étalée sur 10 ans, et une bonification substantielle des sommes provenant du fonds vert du gouvernement.

Critiques sévères

Dans sa réplique, le CAA critique durement la gestion récente des grands projets de transports en commun en soulignant les «dérapages», les cas de dépassement de coûts et les échéanciers retardés du métro de Laval, du train de banlieue de Mascouche ou des bus express du boulevard Pie-IX, à Montréal, «pour ne citer que ceux-là».

Selon le CAA, ces exemples «ne favorisent ni la confiance de ceux qui financent le tout ni l'acceptabilité sociale à l'égard de futures hausses des contributions, quelles qu'elles soient».

Malgré sa demande de moratoire sur la taxe sur l'essence ou les péages, le CAA «est bien conscient qu'il y a urgence» et se dit ouvert à discuter des contributions futures des automobilistes, mais à l'intérieur d'une «politique de la mobilité» qui touchera autant les usagers de la route que ceux des transports publics.

Cette politique devrait prévoir les moyens financiers nécessaires pour la réalisation des projets routiers et des projets de transports collectifs jugés prioritaires, et proposer des mécanismes de financement pour assurer que ces sommes soient disponibles au moment de réaliser ces projets.

Quant à la mise en oeuvre de cette politique, le CAA-Québec «verrait d'un bon oeil la création d'une structure neutre et indépendante, un comité d'experts en quelque sorte». La nouvelle structure aurait la responsabilité d'analyser les projets d'infrastructures routières et les projets de transports en commun (métro, trains, autobus, etc.) et de décider lesquels seront faits en priorité.