Les parents qui élèvent leurs enfants seuls, les nouveaux immigrants et les citoyens qui exercent des métiers moins qualifiés font partie des Canadiens qui ont le moins tendance à voter, révèle un rapport de Statistique Canada.

Statistique Canada a étudié les facteurs associés à la participation au vote lors des dernières élections fédérales en joignant des questions à ce sujet dans le plus récent sondage à propos de la population active.

L'étude, financée par Élections Canada, visait à lier les membres du large échantillon de ce sondage et leurs données démographiques aux habitudes de vote.

La professeure en études politiques de l'université de Queens, Elizabeth Goodyear Grant, qui n'a pas pris part à l'étude, a dit croire que cette tendance est inquiétante pour la bonne marche de la démocratie.

Elle estime toutefois que les résultats du sondage ne sont pas surprenants, et que les données illustrent les tendances que les chercheurs observent depuis des années.

Mais puisque l'information est liée aux données sur la population active, elle permet en plus d'étoffer les renseignements disponibles et de confirmer les tendances.

Selon Mme Goodyear Grant, elles permettent surtout de clarifier les données.

Le sondage laisse croire notamment que les parents d'enfants de moins de cinq ans et ceux qui élèvent leur enfants seuls sont moins enclins à voter.

«Nous avons décidé d'étudier le statut familial, car plusieurs personnes qui se sont abstenues de voter ont justifié cette décision par leur horaire chargé. Cette situation a été évoquée par les 25 à 34 ans (qui ont davantage de chances d'êtres de jeunes parents), mais aussi par les 34 à 45 ans», peut-on lire dans les résultats de l'étude.

Il semble également que les immigrants qui sont arrivés au Canada après 2001 se rendent moins aux urnes que les autres, qui sont au pays depuis plus longtemps.

Le taux de participation des immigrants dépendrait également de la région du monde dans laquelle ils sont nés. Ainsi, les nouveaux arrivants nés en Asie centrale occidentale, au Moyen-Orient ou dans les pays de l'Asie orientale présentaient des taux de participation plus bas, tandis que les personnes nées en Europe du nord, en Australie, en Nouvelle-Zélande ou aux États-Unis exerceraient davantage leur devoir de citoyen.

«Les taux de participation plus bas chez les immigrants de longue date qui viennent de l'Asie orientale, par exemple, laisse croire que, de manière générale, ceux-ci votent moins, sans égard à leur âge où au nombre d'années qu'ils ont passé au Canada», indique l'étude.

Les employés du secteur public voteraient davantage que ceux du secteur privé et parmi les travailleurs, ceux qui travaillent plus de 40 heures ou moins de 30 heures par semaine seraient moins enclins à voter.

Les gens qui pratiquent des métiers moins qualifiés se rendraient aux urnes en plus petit nombre que leurs confrères hautement qualifiés qui oeuvrent dans les domaines des affaires, de la finance, de la science ou de l'éducation.

Mme Goodyear Grant s'inquiète de la tendance qui se dégage des informations recueillies.

«Je remarque que les gens que nous considérons moins habilités ou plus marginalisés au plan social participent moins. À plusieurs égards, cette situation représente un grand problème pour la démocratie», a-t-elle soutenu avant d'ajouter que le plus grand défi consistait désormais à utiliser l'information recueillie convenablement.

«La portion de gens qui ne participent pas est tellement diversifiée qu'il est difficile d'identifier une seule stratégie efficace pour les rejoindre. À mon avis, c'est même décourageant pour ceux qui souhaitent voir les taux de participation augmenter.»

«Il n'y a pas de solution miracle», a-t-elle conclu.

Aux élections fédérales du 2 mai dernier, 61 pour cent des Canadiens se sont rendus aux urnes.

Le taux de participation au Canada est semblable à celui d'autres pays, selon l'étude. La baisse du taux de participation des Canadiens dans les années 1990, combinée à la hausse aux récentes élections présidentielles aux États-Unis a comblé l'écart entre ces deux pays.

«Dans les années 1990, la participation des électeurs a en effet également chuté au Royaume-Uni, et ce, dans des proportions semblables (à celles observées au Canada)», indique également l'étude.