Le secteur pharmaceutique compte le plus grand nombre d'entreprises où les employés peuvent travailler en anglais grâce à une entente spéciale.

Sept sociétés pharmaceutiques, généralement situées dans l'ouest de l'île de Montréal, ont pu obtenir un statut spécial de l'Office québécois de la langue française (OQLF) pour leur siège social ou leur centre de recherche. Parmi elles figurent Novartis Pharma et Pfizer Canada.

La firme de génie-conseil SNC-Lavalin, le fabricant de matériel ferroviaire Bombardier Transport et le concepteur de jouets Mega Brands sont probablement les plus connues des sociétés locales de la liste de l'OQLF.

Nous avons discuté avec les représentants de quatre entreprises à propos de leur entente particulière. Essentiellement, ils disent que leur contexte d'affaires international (usines, fournisseurs, clients) oblige de nombreux employés à communiquer régulièrement en anglais, langue d'affaires courante dans le monde.

Aucune des entreprises que nous avons jointes n'avait toutefois avisé ses employés du statut spécial négocié avec l'OQLF, bien qu'en vertu de la loi 101, travailler en français soit un droit fondamental au Québec.

Pfizer

«Pfizer est une multinationale ayant son siège social canadien au Québec. De ce fait, nous sommes appelés à communiquer [en anglais] avec nos autres établissements ailleurs au Canada, les sièges sociaux de nos différents groupes aux États-Unis et en Europe, ainsi qu'avec les autres filiales de Pfizer dans le monde», explique le porte-parole de Pfizer, Vincent Lamoureux.

L'entreprise a 2000 employés au Québec. De ce nombre, les 344 employés du siège social de Kirkland sont visés par l'entente particulière avec l'OQLF.

Selon M. Lamoureux, les réunions se déroulent dans les deux langues et «les francophones sont libres de s'exprimer en français». Ce n'est pas le cas pour les téléconférences avec des gens de l'extérieur, où l'anglais est une exigence. Pfizer Canada a obtenu son certificat de francisation en 1986 et remporté un Mérite du français au travail en 2009.

Bombardier Transport

Pour sa part, Bombardier Transport, de Saint-Bruno, n'a toujours pas son certificat de francisation, elle qui a obtenu le contrat du métro de Montréal en 1974.

Le porte-parole, Marc Laforge, soutient toutefois que l'entreprise progresse rapidement. Il reste essentiellement à franciser le parc informatique de l'organisation (logiciels Windows et autres, claviers d'ordinateur, etc.).

Quant au travail, il se déroule généralement en français, dit M. Laforge. Certains cadres sont anglophones, mais ils parlent tous français, contrairement à ce qui est le cas à la société soeur Bombardier Aéronautique. «Les réunions se déroulent en français, sauf lorsqu'il y a des employés de l'extérieur», dit-il.

Les communications officielles du président de Bombardier Transport, Raymond Bachant, se font dans les trois langues (français, anglais, espagnol), car, en plus du Québec, l'entreprise a des usines en Ontario, aux États-Unis et au Mexique. Les directeurs des cinq usines sont des Québécois.

SNC-Lavalin

À SNC-Lavalin, l'entente particulière avec l'OQLF vise certains employés du siège social, regroupés dans les services des technologies de l'information, de l'approvisionnement, des affaires juridiques, des finances, des ressources humaines et des communications mondiales.

Les employés de ces services ont des réunions quotidiennes en anglais, notamment par téléconférence ou vidéoconférence, étant donné le contexte multinational de l'entreprise (qui a des bureaux dans 40 pays), explique la porte-parole Leslie Quinton. SNC-Lavalin a obtenu son certificat de francisation en 1995.

Air Liquide Canada

Chez Air Liquide Canada, la dispense demandée à l'OQLF vise environ 200 postes, ceux situés au siège social de Montréal. La multinationale française s'est établie à Montréal en 1911. Elle compte environ 1500 employés au Canada, dont 500 au Québec.

«La langue de travail est d'abord le français, mais il est nécessaire de parler anglais à l'occasion, car les employés ont des interactions avec des gens d'ailleurs dans le monde», dit le porte-parole, Daniel Richard.

En France, la haute direction a d'ailleurs tranché que la langue de communication mondiale de l'organisation est l'anglais. Air Liquide Canada relève d'American Air Liquide, de Houston, au Texas.