«Se mettre en route vers la première politique bioalimentaire québécoise.» C'est ce que souhaite faire le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), Pierre Corbeil, en rendant public le plan stratégique de son ministère jusqu'en 2014. Pour le milieu agroalimentaire, qui se désespère de voir le livre vert adopté, c'est enfin un peu d'action.

Quatre enjeux vont occuper en priorité le MAPAQ: la promotion des aliments du Québec, une industrie bioalimentaire prospère, un développement en harmonie avec les attentes de la société et une organisation performante.

«Pour se tailler une place sur les marchés, l'offre de produits alimentaires québécois doit se distinguer», indique le document. Par exemple, l'écocertification des produits marins ou la mise en valeur des qualités nutritives des aliments seront encouragées. L'objectif est qu'en 2014, au moins 60% des consommateurs d'ici remarquent les logos «Aliments du Québec» en faisant l'épicerie.

Le suivi des résidus de pesticides et d'antibiotiques dans les aliments fera «l'objet d'une attention particulière». Du même souffle, le Ministère indique que son objectif est de dévoiler les résultats des analyses pour... seulement 50% des aliments ciblés.

Herbicides dans les rivières

Pour qu'il y ait des entreprises agricoles ou de transformation plus rentables et efficaces, le MAPAQ souhaite que l'Institut de technologie agroalimentaire reçoive 1000 demandes d'admission de plus par année. Le décrochage devra aussi être combattu: au moins 65% des élèves inscrits devront avoir leur diplôme dans un délai de cinq ans.

Un développement respectueux de l'environnement est un autre défi détaillé. L'agriculture continue de polluer les rivières du Québec: «Les herbicides sont omniprésents dans l'eau des rivières, près des champs de maïs et de soya», selon le Portrait de la qualité des eaux de surface au Québec, dévoilé mardi par Le Soleil.

Quant aux pesticides, ils atteignent des concentrations «préoccupantes» dans les cours d'eau ruraux en général.

Pour améliorer la situation, le MAPAQ va aider les entreprises piscicoles à réduire leurs rejets de phosphore et soutenir financièrement les entreprises de transformation alimentaire qui adoptent le développent durable. Le tout, en respectant la volonté du gouvernement du Québec «de rétablir l'équilibre budgétaire d'ici 2013-1014».

Un secteur qui perd des plumes

«On est un secteur qui perd beaucoup de plumes depuis des années, pour toutes sortes de raisons, a rappelé la présidente du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC), Sylvie Cloutier. Il faut que le plan se traduise par des actions concrètes et surtout des budgets.» Les dirigeants de l'Union des producteurs agricoles, occupés par leur colloque annuel à Québec, n'ont quant à eux pas pu lire le document.

La commission parlementaire sur l'agriculture a tenu seulement six jours d'audience sur le livre vert pour une politique bioalimentaire depuis... septembre. Bien que de très nombreux mémoires restent à entendre, aucune date de reprise des travaux n'est connue, ce qui fait douter de l'adoption de la politique avant la tenue d'élections.