Soixante Canadiens, dont le champion olympique de ski acrobatique Alexandre Bilodeau et le frère de Terry Fox, Darrell, ont reçu la médaille du jubilé de diamant visant à souligner les 60 ans de l'accession au trône de la reine Élizabeth II, lundi, à Ottawa.

Soixante Canadiens, dont le champion olympique de ski acrobatique Alexandre Bilodeau et le frère de Terry Fox, Darrell, ont reçu lundi à Ottawa les premières médailles du jubilé de diamant, visant à souligner les 60 ans de règne de la reine Élizabeth II. Le directeur du Centre de recherche en infectiologie de l'Université Laval, Michel G. Bergeron, a aussi été salué.

Plus de 60 000 Canadiens recevront cette médaille au cours de l'année, un honneur devant souligner leur contribution à la communauté, dans le cadre d'un programme évalué à 3,7 millions $.

Tous les députés fédéraux font partie des Canadiens qui doivent recevoir de facto cette médaille. Mais déjà lundi, les quatre députés du Bloc québécois et au moins deux autres du Nouveau Parti démocratique du Québec, Pierre Natel (Longueil-Pierre-Boucher) et Alain Giguère (Marc-Aurèle-Fortin) ont décidé de la rendre.

La députée bloquiste Maria Mourani a soutenu qu'avec un tel programme de célébrations du jubilé, le premier ministre Stephen Harper était plus royaliste que la reine elle-même. L'Angleterre ayant adopté des mesures d'austérité, Élizabeth II a raccourci les festivités d'un an à cinq mois.

Mme Mourani a poursuivi en faisant valoir que les 7,6 millions $ qui seront dépensés au total pour le jubilé auraient pu servir à autre chose, comme la lutte contre la pauvreté, ajoutant au passage que cette célébration de la monarchie représentait un symbole de «colonisation». La bloquiste a déclaré que c'était «insultant» et qu'il s'agissait d'une «mascarade colonialiste».

Le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, a de son côté avancé que le gouvernement était en train de sombrer dans une politique de nostalgie envers la monarchie, mais qu'il n'y avait pas matière à débattre, selon lui.

Au Québec, plus qu'ailleurs, ces célébrations ne suscitent pas l'enthousiasme chez tout le monde. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal a annoncé lundi une campagne intitulée «On ne jubile pas, on s'en fout royalement». L'organisme souhaite «riposter aux campagnes de propagande monarchiste et militariste du gouvernement canadien», en organisant lui aussi des conférences et un concours de dessins et de montage-photos, notamment.

Son président, Mario Beaulieu, estime que les 7,5 millions $ qui seront consacrés aux festivités constituent «une folle dépense de propagande identitaire», qui prouve le fossé entre le Québec et le gouvernement conservateur.

À Toronto, la médaille a aussi été remise notamment au chef d'antenne de la télévision anglaise de Radio-Canada, Peter Mansbridge, au chansonnier Gordon Lightfoot, au major-général à la retraite Lewis MacKenzie et à l'ancien chef d'antenne de CTV Lloyd Robertson.

Le coup d'envoi des célébrations tenues au Canada a été donné lundi, jour du 60e anniversaire de l'accession au trône d'Elizabeth, à l'âge de 27 ans, après le décès de son père, le roi Georges VI, le 6 février 1952.

C'est le gouverneur général David Johnston qui a présenté les médailles à Ottawa, lors d'une cérémonie à Rideau Hall. Le premier ministre Harper était également présent. M. Johnston a affirmé, en s'adressant à la première cohorte de Canadiens honorés, que leurs accomplissements avaient fait du Canada un pays meilleur.

Les récipiendaires de la médaille du jubilé de diamant proviennent de tous les milieux de la société canadienne, mais plusieurs se sont distingués grâce à leur travail auprès des familles de militaires ou d'associations caritatives.

Le premier ministre Harper a quant à lui offert ses félicitations à la reine britannique, soulignant qu'elle avait consacré sa vie à servir le Canada «avec distinction et dévouement», et que depuis 60 ans, «elle montre au Canada sa générosité et l'affection qu'elle lui porte». Les médailles remises lundi honorent ainsi les Canadiens «qui perpétuent cette excellente tradition de service qu'incarne si bien sa majesté», a dit le premier ministre.

D'autres événements entourant le jubilé de diamant se poursuivront pendant les quatre prochains mois dans les pays du Commonwealth, pour culminer début juin avec une grande cérémonie à Londres qui soulignera le couronnement d'Élizabeth II à l'abbaye de Westminster en 1952.