Ce n'est pas la première fois que des cris d'alarme sont lancés sur la consommation de drogue et d'alcool par des enfants autochtones de moins de 10 ans, mais ils semblent généralement se perdre dans l'air froid du Nord.

Un petit inuit du Nunavik de 5 ans a déjà inhalé des vapeurs d'essence, selon un rapport inédit de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec.

Seul un résumé du rapport avait été rendu public en 2007. Il soulignait que les jeunes Inuits victimes de sévices étaient abandonnés. Les détails les plus accablants se trouvaient cependant dans le «rapport factuel» gardé secret (163 pages dans la version anglaise obtenue par La Presse).

«Nous avons noté que la consommation d'alcool et l'inhalation de substances sont non seulement un problème permanent, mais que les enfants commencent à un âge précoce», indiquent les auteurs.

Une note en bas de page donne cette précision: «Inhalation de vapeur d'essence à 8 ans (dossier 034), 5 ans (039) et 7 ans (036); abus d'alcool à 9 ans (056).»

«La plupart des jeunes interviewés au centre de réadaptation affirment qu'ils ont pris de l'alcool et des drogues, ajoute le rapport. À deux exceptions près, ils ont aussi dit qu'ils aiment les effets, qu'ils se sentent heureux et puissants lorsqu'ils sont intoxiqués. Trois jeunes nous ont dit que les seules fois où ils ne trouvent pas la vie ennuyeuse, c'est quand ils sont ivres ou drogués.»

Le rapport cite ce témoignage d'un jeune: «C'est facile de trouver des drogues. J'ai commencé à en inhaler quand j'avais 6 ans. C'était facile. Maintenant, j'aime les drogues... Elles m'aident à vivre. Rien n'est aussi beau dans ma vie et dans la vie en général. Les drogues sont pour moi ce qu'il y a de mieux. Elles m'aident à oublier, à ne pas voir que ma vie est ennuyeuse.»

Même résumé, le rapport de la Commission des droits avait causé tout un émoi. Mais quelques années plus tard, une journaliste de La Presse en reportage dans le Nunavik avait constaté que rien n'avait changé.