La prestation de services publics bilingues coûte environ 2,4 milliards par année aux contribuables canadiens, soit 85$ par citoyen. Voilà la conclusion d'une étude menée par l'Institut Fraser rendue publique aujourd'hui, que La Presse a obtenue.

Selon les résultats de la recherche, les provinces déboursent près de 860 millions chaque année pour offrir des services dans les deux langues officielles. À cela s'ajoute la somme de 1,5 milliard que le gouvernement fédéral consacre au bilinguisme. Au total, ces sommes représentent 0,5% des dépenses gouvernementales annuelles.

Au Québec, 575 000 personnes sont considérées comme faisant partie de la minorité anglophone sur une population de 8 millions d'habitants. Il s'agit de la minorité linguistique la plus importante du pays. Les services offerts dans la langue de Shakespeare coûtent environ 50 millions par année, soit 7$ par habitant, ou 88$ par membre de la minorité. Proportionnellement, cette somme est cependant moins importante que celle octroyée aux services francophones dans les autres provinces puisque le système d'éducation en anglais ne génère pas de frais supplémentaires en matière de traduction.

Ontario

Avec 489 000 francophones sur 12 millions d'habitants, l'Ontario est la province qui compte la deuxième minorité la plus importante au Canada. Il s'agit de la province qui dépense le plus pour offrir des services linguistiques à sa minorité francophone. Bon an, mal an, environ 620 millions sont déboursés à cet égard, ce qui représente 52$ par citoyen et 1275$ par membre de la minorité francophone. La majorité de cette somme, soit approximativement 500$, est injectée dans le réseau d'éducation. En Ontario, il est possible de recevoir une éducation en français à tous les niveaux scolaires. Le reste de la somme est dépensée par l'Office des affaires francophones, par le commissariat aux services en français, par les municipalités de Toronto et d'Ottawa (qui sont tenues d'offrir des services en français) ainsi que la Télévision francophone en Ontario.

Au Nouveau-Brunswick, 32% de la population est francophone. Ainsi, 85 millions sont dépensés chaque année pour offrir des services dans la langue de Molière, soit 116$ par citoyen de la province et 357$ par membre de la minorité.

Dans les autres provinces canadiennes, des sommes beaucoup moins considérables sont dépensées, principalement dans un système d'éducation en français. En Alberta, la prestation de services en français coûte 33 millions (534$ par francophone); en Colombie-Britannique, 23 millions (426$ par francophone); en Nouvelle-Écosse, 18 millions (540$ par francophone); au Manitoba, 16 millions (410$ par francophone); en Saskatchewan, 9,6 millions (640$ par francophone); à l'Île-du-Prince-Édouard, 5,1 millions (946$ par francophone) et finalement, à Terre-Neuve-et-Labrador, 3,4 millions (1780$ par francophone).

Une précédente étude menée par l'Institut Fraser avait démontré que les dépenses fédérales pour le bilinguisme en 2006-2007 se situaient entre 1,6 milliard et 1,8 milliard, incluant des transferts aux provinces d'environ 200 millions. En additionnant les sommes des résultats obtenus dans les deux études, les chercheurs sont parvenus à conclure que le bilinguisme au Canada coûtait 2,4 milliards.

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Ottawa confie la formaiton linguistique au privé

Le gouvernement conservateur a remercié vendredi après-midi 175 professeurs de langue seconde de l'École de la fonction publique du Canada, affirme un article publié samedi dans le quotidien Le Devoir. Cette tâche sera désormais confiée au secteur privé. Les professeurs n'auront plus de postes à compter du 31 mars prochain. Selon Le Devoir, Ottawa aurait pris cette décision après avoir découvert que les deux tiers des fonctionnaires qui suivaient des cours de langue le faisaient au privé, à moindre coût. En avril dernier, une enquête menée par La Presse révélait que les coûts de la formation linguistique ont explosé dans la fonction publique fédérale depuis une dizaine d'années, malgré le fait que le nombre de fonctionnaires soit resté stable. Ces coûts auraient presque quintuplé depuis environ 2001 dans 30 ministères, agences, départements ou sociétés d'État.