Et le gagnant est... Stephen Harper! Élections générales obligent, le premier ministre canadien a été la personnalité la plus médiatisée au Québec en 2011. Il est suivi de Jean Charest.

Il s'agit d'un virage politique pour ce palmarès traditionnellement dominé par des sportifs - l'an dernier, c'est Jaroslav Halak qui était arrivé en tête.

Une seule femme, Pauline Marois, figure dans les 25 premières positions. «C'est très masculin», observe Jean-François Dumas, président d'Influence Communication. On peut être très présent dans les médias pour de mauvaises raisons mais, généralement, on en tire des bénéfices - traditionnellement, le parti le plus médiatisé dans une campagne électorale remporte le scrutin, observe M. Dumas.

«Globalement, les nouvelles vivent et meurent plus vite que jamais. Ainsi, 85% des nouvelles meurent en 24 heures ou moins; comme citoyens, on n'a plus le temps de digérer les informations, on passe à autre chose», souligne M. Dumas. Autre tendance, «il y a de plus en plus de gens qui commentent l'actualité, de moins en moins de gens qui la rapportent». Dans son bilan, Influence Communication observe aussi l'expansion quasi virale de l'étiquette «exclusif» dans les médias: «En moyenne, le terme «exclusif» est utilisé 279 fois par jour au Québec. Dans le reste du pays, avec quatre fois plus de nouvelles, on s'en sert 120 fois.»

Publié hier sur le web, le septième bilan annuel de la firme relève une foule d'observations surprenantes; par exemple, les informations sur la cuisine ont manifestement supplanté la culture dans les médias. «On pensait que cela arriverait en 2 ans, cela a pris 12 mois», constate le spécialiste. Pourtant, les gens ne cuisinent pas davantage. «C'est une tendance mondiale, la cuisine est passée de service à divertissement, on fait vivre une expérience culinaire, mais on n'a jamais vendu autant de surgelés dans les épiceries.» L'émission Les chefs est un exemple probant de cet intérêt renouvelé «pour la cuisine, pas pour les recettes».

La «politique autrement»

Il y a cinq ans, les gens étaient préoccupés par la sécurité publique; le collège Dawson ou le viaduc de la Concorde dominaient les nouvelles. Cette année, la corruption a augmenté son poids de 150%, la collusion de 700%. La simple expression «faire de la politique autrement» a augmenté de 1300% cette année par rapport à 2010. «C'est le buzz word de l'année!», constate M. Dumas.

La nouvelle la plus percutante dans les médias québécois a été, en octobre, l'annonce d'une commission d'enquête sur l'industrie de la construction. Les démissions au Parti québécois en juin arrivent en deuxième place, suivies de l'effondrement d'une poutre du tunnel Ville-Marie en août, laquelle devance de peu l'annonce de la construction d'un amphithéâtre à Québec, en février dernier.

L'environnement continue sa baisse constante comme sujet d'intérêt au Québec. Si les changements climatiques sont la deuxième nouvelle dans le monde, on trouve ce thème à dose homéopathique dans les médias québécois.

Les informations économiques ne représentent que 6% de l'espace média au Québec; dans l'ensemble du Canada, ce poids est de 10%. On atteint 14% si on regarde la presse internationale. «Depuis deux ans, au Québec, on s'intéresse beaucoup plus à ce qui se passe ailleurs dans le monde», observe M. Dumas - du Printemps arabe au séisme au Japon, l'actualité a appuyé cette tendance.

Les textes sur la pauvreté, les aînés et les autochtones équivalent, ensemble, à la couverture consacrée à David Desharnais, du Tricolore. Le Canadien a baissé dans l'intérêt public - il a occupé 37% moins d'espace que l'an dernier -, mais il mobilise encore 79% des nouvelles sportives.