Peu à peu, l'ancien premier ministre Paul Martin est en train de ressusciter certains éléments de l'Accord de Kelowna avec ses propres moyens, convaincu qu'il est que cette entente historique déchirée par le gouvernement Harper, peu de temps après son arrivée au pouvoir, aurait permis d'extirper les peuples autochtones de la pauvreté.

Afin d'y arriver, M. Martin a créé en 2006 une fondation, l'Initiative d'éducation autochtone Martin (IEAM), afin de créer des programmes adaptés pour les élèves autochtones et les encourager à poursuivre leurs études secondaires.

Le tout a commencé par un simple projet pilote ciblant un groupe d'élèves de l'école secondaire des Premières Nations Dennis Franklin, à Thunder Bay. Ces élèves, qui logent dans des familles d'accueil à Thunder Bay pendant l'année scolaire, proviennent de communautés autochtones isolées du nord-ouest de l'Ontario accessibles seulement par voie aérienne.

Le projet pilote a été mis en oeuvre de concert avec le grand chef et le conseil de la nation Nishnawbe-Aski. Une enseignante originaire de la nation Tataskwayak, au nord du Manitoba, a été embauchée. Cette enseignante, qui avait plusieurs années d'expérience avec les élèves cris et oji-cris, a pu adapter les cours aux besoins des élèves autochtones.

Ce programme de 11e année a remporté un tel succès qu'il a également été adapté à la 12e année et implanté dans une dizaine d'écoles dans six provinces, avec l'approbation du ministère de l'Éducation de ces provinces. M. Martin compte travailler sur un programme pour tout le secondaire.

Une étude menée par l'Université Lakehead a permis de constater que le programme a permis de renforcer la motivation, la confiance en soi et les compétences des élèves. Les résultats démontrent aussi qu'en moyenne, 70% des élèves inscrits suivent le cours jusqu'à la fin et la plupart de ceux qui ont terminé les deux cours ont obtenu leur diplôme d'études secondaires.

«Le programme est géré par les Autochtones, selon leurs valeurs, et par nous. Une fois qu'il aura fait suffisamment ses preuves, on va dire au gouvernement: vous n'avez plus d'excuse. Ça marche, voilà les résultats. Et le gouvernement devrait se charger du financement», a affirmé Paul Martin.

Pour l'heure, le programme n'est pas encore offert au Québec, mais M. Martin compte l'introduire avec le concours du ministère de l'Éducation une fois que les manuels scolaires auront été traduits.

Outre l'éducation, la fondation de M. Martin parraine aussi, avec des entreprises du secteur privé, des cours de mentorat en affaires pour encourager les Autochtones à devenir de jeunes entrepreneurs.