Les jeunes Canadiens qui affirment qu'«ils n'ont pas pu aller voter» pourraient en réalité manquer de motivation, indique un sondage réalisé par Élections Canada.

L'«Enquête nationale auprès des jeunes» révèle que 64% des répondants de 18-34 ans qui n'ont pas voté lors du scrutin fédéral de mai dernier affirment en avoir été empêchés.

Mais une analyse plus approfondie des données révèle que ceux qui ont évoqué l'école, le boulot ou des obligations familiales pour justifier leur absence au bureau de scrutin n'étaient peut-être pas entièrement honnêtes, a dit la chercheuse Miriam Lapp, d'Élections Canada.

Selon Mme Lapp, l'étude permet de conclure qu'au-delà des «motifs personnels» officiellement cités, les jeunes électeurs se croyaient en réalité mal renseignés au sujet des candidats et des enjeux, ou alors la politique ne les intéresse tout simplement pas.

Cela démontre que la motivation est tout aussi importante que l'accessibilité pour expliquer pourquoi les jeunes ne votent pas, a-t-elle ajouté.

Le véritable défi sera donc de rendre les élections pertinentes aux yeux des jeunes.

«Si c'était suffisamment important pour eux et si ça les intéressait, plusieurs de ces problèmes d'accès ne compteraient plus. Mais parce qu'il n'y a aucune motivation, alors même de petits obstacles sont suffisants pour empêcher quelqu'un d'aller voter», a expliqué Mme Lapp.

L'étude indique aussi que l'éducation civique joue un rôle de premier plan pour intéresser les jeunes aux élections, et que les proches, les politiciens et même les vedettes peuvent y contribuer.

Malgré tout, l'étude porte à croire que l'abolition des problèmes d'accès serait probablement la tactique la plus rapide pour amener plus de jeunes à aller voter. L'étude recommande d'installer plus de bureaux de scrutin là où les jeunes sont susceptibles de se trouver, et de simplifier le processus d'identification.

En mai 2011, 38,8% des jeunes de 18 à 24 ans se sont rendus voter, selon les données d'Élections Canada. Mais dans le sondage, 74% des jeunes interrogés ont affirmé s'être rendus voter. Élections Canada reconnaît toutefois qu'il est courant pour les répondants d'exagérer leur participation, et Mme Lapp rappelle que ceux qui vont voter sont aussi plus susceptibles de participer à des enquêtes d'opinion sur le sujet.

Aux fins du sondage, 2665 jeunes ont été interrogés au téléphone, en ligne et en personne, entre le 5 mai et le 13 juin. C'est la première fois qu'Élections Canada élargit la catégorie des jeunes électeurs aux 18-34 ans, plutôt qu'aux 18-24. Mme Lapp explique que l'agence fédérale cherche ainsi à déterminer si les jeunes qui ne votent pas continuent à ne pas voter à l'âge adulte.

«Il y a de plus en plus d'indices que la non-participation se poursuit quand ces jeunes vieillissent», a-t-elle dit.