Le torchon brûle entre les associations de policiers québécoises. Le syndicat des policiers de la Sûreté du Québec estime que les représentants des policiers municipaux sont «irresponsables» et «alarmistes» lorsqu'ils dénoncent la puissance croissante de la SQ et ses impacts potentiels sur la démocratie.

«On casse encore du sucre sur le dos de la Sûreté, on casse du sucre sur le dos du gouvernement, on est habitués de voir ça», déplore Pierre Veilleux, de l'Association des policiers provinciaux du Québec.

En entrevue à LaPresse.ca samedi, deux représentants des policiers municipaux ont déclaré que le gouvernement Charest accorde trop d'importance à la SQ au détriment des autres corps policiers. Ils ont souligné l'empreinte marquée de la SQ aux échelons supérieurs de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), mais ils ont surtout dénoncé le projet de loi 31, qui pourrait favoriser l'intégration de certains corps policiers municipaux au sein de la SQ.

«Le Québec a toujours voulu se prémunir contre un État policier. Dans toutes les réformes des organisations policières, on a toujours voulu garder un tiers des ressources à la SQ, un tiers à Montréal, un tiers pour les autres corps municipaux. Actuellement, on est en déséquilibre. Et le projet du gouvernement pourrait l'accentuer en transférant 650 policiers additionnels à la SQ», a expliqué Denis Côté, président de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec.

«On l'a vu dans l'actualité avec l'UPAC [...]. Ça commence à en faire beaucoup, tout confier à une seule organisation», a-t-il ajouté.

Éviter «l'État policier»

Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers de Montréal, a renchéri. «Dans une société libre et démocratique, si on ne veut pas tomber dans un État policier, effectivement, c'est sain que les services de police soient bien répartis», a-t-il déclaré.

Des propos que déplore Pierre Veilleux. «Je trouve irresponsable d'essayer d'alarmer inutilement la population avec des mots aussi graves que ça. Peut-être qu'ils n'ont pas pris le temps de voir la définition d'un État policier», avance-t-il.

«Depuis 2001, on a intégré près de 55 corps de police à la Sûreté du Québec. Je ne vois pas où est le désastre. La démocratie est aussi bonne qu'elle l'était avant», soutient-il.