Un des deux gros syndicats de l'industrie de la construction, dont les membres avaient débrayé pour protester contre le projet de loi 33, affirme ne pas être obligé de collaborer avec la Commission de la construction et demande à ses membres de signaler toute visite d'enquêteurs aux agents d'affaires syndicaux.

Cette démarche du Conseil provincial (International) des métiers de la construction ne risque pas d'améliorer ses relations avec Diane Lemieux, présidente de la Commission de la construction (CCQ), qui a lancé plusieurs enquêtes sur les débrayages de la fin octobre.

«Nous sommes informés que des inspecteurs, enquêteurs et autres représentants de la Commission de la construction du Québec (CCQ) ont récemment entrepris des démarches auprès de salariés et représentants syndicaux afin de recueillir des informations au sujet de certains évènements qui se seraient produits durant les dernières semaines sur divers chantiers», prévient le Conseil provincial dans un message à ses membres.

«Soyez informés que vous n'êtes pas légalement forcés ou obligés de vous prêter à cette démarche, malgré ce que ces personnes peuvent vous laisser croire par des paroles ou des gestes visant à vous convaincre du contraire. Si vous êtes éventuellement visé par une telle démarche de la CCQ, veuillez immédiatement en aviser votre gérant ou l'un des agents d'affaires, soit directement ou par l'intermédiaire de votre délégué de chantier», conclut le texte.

«Pour nous c'est clair. Écoutez: la police, sans mandat, peut-elle vous interroger? Là ce n'est même pas la police, c'est un inspecteur», a expliqué Donald Fortin, directeur général du Conseil provincial, dans un entretien avec La Presse.

«Tout ce qu'on veut, c'est protéger nos gens. On ne leur dit pas de ne pas parler, on leur dit qu'ils ne sont pas obligés. Le problème, avec la Commission de la construction, c'est qu'elle a supposément un paquet d'inspecteurs qui sont comme police, mais pas police, inspecteurs, mais pas inspecteurs, membres de Marteau mais pas vraiment membres... donc on a averti nos travailleurs d'être prudents», dit-il.

La CCQ incite au dialogue

Rappelons que le projet de loi 33 prévoit l'abolition du placement syndical et modifie la composition du conseil d'administration de la Commission de la construction. Les deux gros syndicats (FTQ-Construction et Conseil provincial) y sont vigoureusement opposés, alors que les plus petits syndicats (CSN-Construction, CSD-Construction, SQC) y sont plutôt favorables.

L'adjoint de Diane Lemieux, Louis-Pascal Cyr, dit respecter le droit au silence des travailleurs, mais incite tout de même au dialogue. «La première chose qu'on rappelle aux gens lors d'une intervention, c'est le droit au silence. Mais la loi est là dans l'intérêt général. Notre travail est d'enquêter lorsqu'il y a une plainte et toute collaboration en ce sens est productive», dit-il.

Rappelons que la CCQ a déjà reçu 360 plaintes relativement à de possibles débrayages illégaux et actes d'intimidation dans le cadre des protestations contre le projet de loi 33.