Inquiet de la recrudescence du non-respect de l'affichage des marques de commerce utilisées comme noms d'entreprise, l'Office québécois de la langue française (OQLF) a décidé d'agir en lançant dimanche une vaste campagne de sensibilisation sur le sujet.

Si la Charte de la langue française permet l'utilisation d'une marque de commerce comme nom d'entreprise, la présidente de l'Office, Louise Marchand, a rappelé que lorsque cette marque est une expression tirée d'une autre langue que le français, elle doit être accompagnée d'un terme descriptif ou d'un slogan en français.

«Le phénomène de la mondialisation a modifié en profondeur la vie économique du Québec, a-t-elle rappelé. La présence croissante des multinationales et la multiplication des franchises dans la vente au détails en sont des exemples.»

En point de presse, Mme Marchand donné les exemples des entreprises Farine Five Roses, Lunetterie New Look et Rôtisseries Scores, qui respectent la loi, puisqu'un descriptif francophone a été ajouté à un nom d'entreprise en anglais.

Sans les nommer, la présidente de l'Office a également indiqué que sans être obligées par la loi, certaines entreprises ont tout simplement décidé de traduire leur marque de commerce.

«Cette stratégie leur a permis (aux entreprises) de se fondre harmonieusement dans le paysage québécois», a-t-elle rappelé.

Des conseillers de l'Office seront présents auprès des entreprises afin des les guider dans ce processus et un programme d'aide sera destiné aux petites entreprises qui emploient de 5 à 99 personnes pour qu'elles puissent se conformer à la loi.

La présidente de l'Office n'a pas voulu entrer dans les détails entourant de possibles sanctions si des entreprises tardent à se conformer à loi, expliquant que l'approche de la sensibilisation a toujours été une «philosophie gagnante» et que la répression n'aide pas à faire avancer la cause du français au Québec.

«Le paiement des amendes ne fait rien avancer, s'est défendu Mme Marchand. Ce sont les corrections qui font avancer la francisation. Notre approche propose de la fermeté dans nos objectifs et de la souplesse dans notre approche.»

Jusqu'à 75 pour cent des dépenses entraînées par la correction d'un affichage pourront être couvertes en vertu du programme proposé par Québec, et ce, jusqu'à concurrence de 50 000 $ par entreprise.

La campagne, qui sera diffusée exclusivement en français à la télévision et sur internet, notamment, devrait coûter entre 500 000 et 600 000 $, selon Mme Marchand. Cette dernière entreprendra également une vaste tournée d'information au Québec prochainement.

La présidente de l'OQLF ne s'inquiète pas du fait que la campagne de sensibilisation ne soit diffusée qu'en français.

«Les grandes entreprises ont des représentants qui sont au Québec et qui se tiennent au courant de ce qui se passe, a-t-elle dit. Plusieurs entreprises ont déjà amorcé des démarches à l'Office afin de se conformer à la loi.»

La campagne sera en vigueur sera en vigueur dès lundi et jusqu'au 12 décembre ainsi que du 16 janvier au 13 février 2012.

Le temps de la ligne dure

De leur côté, le Mouvement Québec français (MQF) et le Mouvement Montréal français (MMF) se sont insurgés de la campagne proposée par l'OQFL, affirmant que le Québec est maintenant prêt à verser jusqu'à 50 000 $ en subventions à des entreprises afin qu'elles respectent les dispositions de la Charte.

Dans une lettre adressée à la ministre de la Culture et des Communications Christine St-Pierre, les deux organismes ont estimé dimanche  que les entreprises fautives devraient garnir les coffres du gouvernement plutôt que faire le contraire en recevant des subventions généreuses.

Pour le président du MQF, Mario Beaulieu, il est temps que le gouvernement Charest adopte la ligne dure envers les entreprises toujours récalcitrantes.

«Je crois que nous sommes rendus là, a-t-il expliqué en entrevue. Ça fait longtemps que des mesures incitatives sont proposées, que rien n'avance, et que la langue française continue à perdre du terrain à Montréal.»

Après la manifestation la fin de semaine dernière au centre-ville de Montréal afin de dénoncer le recul du français dans les commerces de la métropole, le MQF et le MMF demandent maintenant à Mme St-Pierre d'entreprendre des procédures judiciaires envers les entreprises dont les bannières ne sont pas conformes et de réclamer des amendes.