Le gouvernement fédéral impose un moratoire immédiat de deux ans sur les demandes d'immigration présentées par les parents et grands-parents d'immigrants qui sont déjà au pays.

Mais en guise de compensation, Ottawa annonce aussi la création d'un nouveau visa spécial d'une durée de dix ans qui permettra aux parents et grands-parents de résidants permanents d'entrer au pays aussi souvent qu'ils le désireront pour des séjours pouvant durer jusqu'à deux ans.

Au même moment, Ottawa compte accepter l'an prochain nettement plus de parents et grands-parents à partir de la liste d'attente existante, déjà fort longue. Le gouvernement veut admettre 25 000 de ces demandeurs l'an prochain, contre une moyenne annuelle de 17 500 depuis quelques années.

Les parents et les grands-parents de nouveaux Canadiens pourraient représenter neuf pour cent des 255 000 immigrants qui devraient être accueillis sur le territoire l'an prochain, contre six pour cent actuellement.

Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a expliqué vendredi que ces mesures font partie d'un plan plus vaste pour éliminer les arriérés sur la liste d'attente pour les proches de nouveaux Canadiens, et pour ramener le délai de traitement des dossiers de huit à quatre ans.

«Nous devons changer notre façon de faire» qui a mené à la création de listes d'attente s'allongeant sans cesse depuis des années, a affirmé vendredi le ministre Kenney, de passage à Mississauga. «Il n'est plus possible de rester les bras croisés.»

Si les règles restaient les mêmes, 300 000 individus pourraient être en attente d'une réponse d'Immigration Canada d'ici la fin de la décennie, a averti M. Kenney. Actuellement, 170 000 noms sont inscrits sur la liste d'attente.

Il a affirmé qu'il avait dû annoncer sa décision sans préavis pour éviter que des milliers d'immigrants potentiels tentent de se placer sur la liste d'attente de l'ancien régime.

En créant le nouveau visa de 10 ans, Jason Kenney a affirmé qu'Ottawa aurait le temps de réduire sa liste d'attente sans pénaliser les familles des nouveaux Canadiens. Le nouveau visa sera disponible à compter du 1er décembre prochain.

Le ministre Kenney a précisé que le nouveau visa ne prendra que huit semaines à régler - en autant que les demandeurs remplissent correctement les formulaires, adhèrent à une assurance-maladie privée, passent avec succès un bilan de santé, et démontrent qu'ils ont au Canada des proches qui pourront subvenir à leurs besoins.

L'assurance-maladie est un élément important aux yeux du ministre. Il a fréquemment exprimé sa frustration face à des immigrants âgés qui profitent du filet social canadien sans y avoir contribué durant leur vie active.

Cette préoccupation explique notamment pourquoi le gouvernement ne voulait pas simplement hausser le nombre de parents et de grands-parents admis au Canada.

«À ceux qui disent: «admettez-en simplement 60 000 par année', je réponds: êtes-vous déjà allés dans une salle d'urgence?», a-t-il lancé.

Le Nouveau Parti démocratique a réagi positivement au projet de visa de 10 ans et s'est dit heureux de voir que le nombre de proches de nouveaux Canadiens accueillis au Canada allait augmenter.

Le porte-parole néo-démocrate en matière d'immigration, Don Davies, a toutefois reproché aux conservateurs la façon dont ils annoncent leur réforme de l'immigration. En séparant les éléments en de multiples annonces, ils ne permettent pas à la population d'avoir une idée claire du nouveau système, et de qui en souffrira.

Jason Kenney avait annoncé plus tôt cette semaine que le Canada accepterait quelque 255 000 immigrants au total en 2012. Ottawa veut toutefois attirer surtout des cols blancs et des travailleurs qualifiés.