L'armée dit accepter toute la responsabilité pour l'état de santé d'un ancien soldat qui menace de se laisser mourir, mais refuse toujours de faire tout lien avec l'uranium appauvri, comme l'exige le vétéran. Trop peu au goût de Pascal Lacoste, qui promet de poursuivre son combat jusqu'au bout.

L'ancien militaire menace toujours de lancer demain midi une grève de la faim devant les bureaux du ministre des Anciens Combattants (ACC), Steven Blaney, à Lévis. Pascal Lacoste réclame que le gouvernement reconnaisse que les nombreux troubles de santé dont il souffre sont liés au produit radioactif utilisé dans certaines munitions pour percer des blindages. Il demande également que lui soit payé un traitement de 50 000$ aux États-Unis.

«On ne reconnaît pas que ce soit lié à l'uranium appauvri, mais on reconnaît que c'est lié au service dans les Forces canadiennes», a répondu hier le brigadier général Hilary Jaeger, responsable médical pour ACC.

En plus de ne faire aucun lien entre le produit radioactif et tout problème de santé, l'armée nie catégoriquement que ses soldats aient été exposés à l'uranium appauvri en Bosnie. Selon Mme Jaeger, l'utilisation de ces munitions s'est limitée à 19 «cibles» situées dans 3 régions entre août 1994 et septembre 1995. Or, aucun soldat canadien ne se serait approché de ces zones.

Le brigadier général Jaeger estime que plusieurs anciens soldats attribuent erronément leurs problèmes de santé à l'uranium appauvri. Depuis 2000, 230 ex-soldats ont demandé à être testés, estimant avoir été exposés au produit radioactif. Aucun n'aurait présenté un niveau anormalement élevé. «Mais ils sont convaincus que c'est la vérité. On leur ferait passer un test de détecteur de mensonges qu'ils le réussiraient. Ils ont de vrais symptômes, ils sont vraiment malades. On ne nie pas ça. Mais ce qu'on veut, c'est leur offrir les soins qui ont la meilleure chance d'améliorer leur situation.»

Traitement non reconnu

En plus de ne pas faire de lien avec l'uranium appauvri, ACC ne reconnaît pas le traitement que demande Pascal Lacoste. «Il y a toujours des gens qui veulent vendre quelque chose aux gens qui sont dans un état de détresse. J'ai regardé le site web de la clinique au Texas et ça ressemble à de l'homéopathie», déplore l'officière de haut rang. Elle souligne que le médecin traitant a été poursuivi par l'équivalent texan du Collège des médecins et qu'il doit prévenir depuis tous ses patients que ses traitements ne sont pas reconnus et ne contiennent aucune substance active. «Pour moi, ce n'est pas un endroit sérieux.»

Dans un courriel envoyé hier, le ministre Blaney a appelé Pascal Lacoste à mettre fin à sa campagne. «Les spécialistes du Ministère sont à sa disposition. De nouveau, je l'invite à éviter de mettre sa santé en péril et je souhaite de tout coeur qu'il accepte la main que nous lui tendons.»