Des projets d'infrastructures ou d'amélioration des services ont accumulé des années de retard, dans les sociétés de transports en commun du Québec, en raison du manque de fonds pour de «nouvelles initiatives» et des difficultés du ministère des Transports du Québec (MTQ) à faire approuver son plan d'immobilisations.

Alors que le MTQ prévoit investir plus de 1,5 milliard dans les transports collectifs, en 2011-2012, des usagers sont privés d'abris, des autobus vont se retrouver sans garage et la Société de transport de Montréal (STM) doit financer elle-même les coûts de la mise à niveau des systèmes du métro, en attendant que Québec lui verse les subventions prévues.

Projet de 75 millions

À Gatineau, la Société de transport de l'Outaouais (STO), qui prévoit cette année une hausse de fréquentation d'environ 5%, attend l'an prochain la livraison de nouveaux autobus articulés, afin de répondre à une demande toujours croissante des services. Les nouveaux autobus n'auront toutefois pas de garage permanent avant 2014.

Le projet de 75 millions a accumulé deux ans de retard en raison des délais pour recevoir les approbations nécessaires du MTQ.

À Québec, le Réseau de transport de la capitale (RTC) recevra aussi 20 nouveaux bus articulés d'ici un an pour soutenir la croissance de la demande sur les cinq lignes Métrobus, lesquelles représentent près de 40% de tous les usagers du réseau. Les travaux de construction de la phase 2 du centre Métrobus, où les véhicules seront remisés et entretenus, n'ont toutefois pas encore commencé.

«Si nous recevions l'approbation du Ministère aujourd'hui, assure Claude Lévesque, porte-parole du RTC, nous pourrions probablement être prêts à temps» pour l'arrivée de ces nouveaux bus, qui seront suivis de 40 autres, en 2013 et 2014.

Au Saguenay, les soucis du directeur général de la Société de transport du Saguenay (STS), Jacques Munger, concernent des projets beaucoup moins spectaculaires, mais qui touchent directement sa clientèle. La STS n'est pas en mesure, pour le moment, de poursuivre l'ajout de supports à vélos sur ses bus. L'amélioration des installations de la clientèle étudiante, dont la STS discutait avec les autorités du cégep et de l'Université, est suspendue.

Plan quinquennal

«Depuis 2005, déplore M. Munger, on avait pris l'engagement d'aménager au moins cinq nouveaux abribus par année pour nos clients. Ça fait trois ans qu'on n'en a pas fait un. Nos terminus sont vieux de 25 ans. On a soumis le projet de rénovations au MTQ en 2009, mais on n'a eu aucune nouvelle. Il n'y avait pas assez d'argent pour accepter de nouvelles initiatives.»

«On se retrouve dans une situation où on ne peut plus respecter les engagements qu'on a pris avec notre clientèle», déplore-t-il.

Le financement des projets de transports collectifs, au Québec, est planifié et assuré en vertu principalement du plan quinquennal d'immobilisations (PQI) du MTQ. Pour 2010-2015, ce plan prévoit des investissements de 2,9 milliards pour financer divers projets d'amélioration des services ou de réfection des infrastructures des sociétés de transports en commun du Québec.

En décembre 2010, le plan du MTQ n'a toutefois pas été approuvé par le Conseil du Trésor, qui a exigé plus d'informations relativement aux projections de coûts de nombreux projets inscrits par le Ministère au PQI. C'était notamment le cas du train de l'Est, projet de train de banlieue dont les coûts prévus ont explosé de 70% depuis l'approbation de son budget, en 2008. Les projections sont passées de 390 à 665 millions en moins de trois ans.