Les trois chefs de partis en Ontario ont consacré la dernière journée de la campagne électorale, mercredi, à tenter de convaincre les derniers indécis, alors que tous les indices laissent croire à une victoire historique des libéraux, à l'issue du vote du 6 octobre.

La plupart des experts et des sondages accordent en effet la victoire au Parti libéral du premier ministre sortant, Dalton McGuinty. Il s'agirait d'un troisième mandat successif pour son parti, une première pour les libéraux ontariens en plus d'un siècle.

Les débuts de la campagne électorale, déclenchée le 7 septembre, laissaient toutefois présager une victoire du Parti progressiste-conservateur, dirigé depuis peu par Tim Hudak, qui caracolait dans les sondages.

Avec un électorat frustré par les promesses brisées du premier ministre McGuinty et semblant prêt à donner son congé aux libéraux après deux mandats, tous croyaient que M. Hudak ne ferait qu'une bouchée de son rival libéral.

La politologue de l'Université de Windsor Lydia Miljan a toutefois expliqué que les conservateurs n'ont pas réussi à tourner à leur avantage le grand appétit des électeurs pour du changement.

Des experts estiment par ailleurs que le leader conservateur a trébuché à deux reprises au cours de la campagne électorale. Il aurait d'abord échoué dans sa tentative de mettre de l'avant des dossiers controversés susceptibles de diviser les huit millions d'électeurs de la province.

Dans la première semaine de campagne, M. Hudak avait attaqué la proposition des libéraux d'accorder un crédit d'impôt aux nouveaux citoyens canadiens, soutenant que cela avantagerait «les travailleurs étrangers». Il s'était alors fait accuser de xénophobie.

Et dans les derniers jours de la campagne, le chef des progressistes-conservateurs s'en est pris au guide de ressources de la commission scolaire du district de Toronto, un document devant aider les enseignants dans la lutte contre l'homophobie dans les écoles.

«La façon d'aborder ces problématiques a créé un malaise chez les gens», a souligné un politologue de l'Université Ryerson, Bryan Evans.

Plus encore, M. Hudak n'aurait pas réussi à se présenter comme une solution de rechange crédible à M. McGuinty au poste de premier ministre, ont poursuivi des experts.

Les coups de sonde indiquaient par ailleurs que le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l'Ontario devrait réussir, jeudi, à effacer le mauvais souvenir laissé par le passage de Bob Rae à la tête du parti et de la province, entre 1990 et 1995, et retourner à leurs niveaux d'appuis historiques.

La nouvelle leader du parti, Andrea Howarth, ne semble pas sur le point de répéter l'impressionnante performance du NPD fédéral aux élections de mai, mais elle devrait à tout le moins laisser une certaine «teinte orangée» sur l'Ontario.

«Elle se trouve dans ce moment de grâce où elle ne fait rien et tout se passe bien», a expliqué le professeur de sciences politiques de l'Université McMaster, Peter Graefe.

«Elle a été en mesure de rallier les électeurs anti-politique, qui en ont assez du statu quo», a-t-il ajouté.

Mme Horwath, qui était méconnue de tous mais qui a réussi à impressionner grâce à sa verve, a également pu profiter ces derniers jours de la vague provoquée par la victoire de mardi remportée par le NPD aux élections provinciales du Manitoba.

Les experts soulignent toutefois que Mme Horwarth n'a pas réussi à exposer de façon claire pourquoi les électeurs ontariens devraient accorder leur vote à son parti plutôt qu'à un autre.