La Chambre des communes n'est pas aussi accessible aux chaises roulantes que les employés du Parlement pourraient le croire.

La nouvelle députée néodémocrate de Montcalm, Manon Perreault, la deuxième parlementaire en chaise roulante à siéger aux Communes dans l'histoire du Canada, peine à se déplacer sur le tapis vert et épais de la Chambre.

Mme Perreault demande habituellement aux pages, des employés du Parlement, de lui donner un coup de main pour déplacer la chaise dans l'étoffe pelucheuse et duveteuse, qui offrent beaucoup de résistance.

«Plus une moquette est confortable et douce, plus les déplacements des personnes à mobilité réduite sont compliqués», a-t-elle expliqué en entrevue avec La Presse Canadienne.

«C'est un peu comme la neige.»

Mais Manon Perreault ne demande à personne de changer ces tapis.

Son objectif est plutôt de faire de l'accessibilité un enjeu important aux yeux du gouvernement.

Ce printemps, Mme Perreault a suivi les traces du député conservateur Steven Fletcher, un quadraplégique. Elle même est paraplégique depuis un accident d'équitation, en 1993.

Aux Communes, la députée lève sa main lors des votes, alors que ses collègues sont debout. Et pour éviter d'avoir à grimper les marches jusqu'au fond de la Chambre, elle a déjà son pupitre dans le première rangée, une zone normalement réservée aux parlementaires les plus expérimentés.

«C'est très bien pour une débutante », a-t-elle dit, en rigolant.

L'importance de sa victoire n'est pas passée inaperçue pour les Canadiens qui vivent avec un handicap.

Quelques jours seulement après le scrutin du 2 mai dernier, la boîte de réception de son courriel était remplie d'une centaine de messages de félicitations de la part de Québécois à mobilité réduite. Plusieurs d'entre eux exprimaient même le souhait de la rencontrer sous peu.

Mme Perreault leur a répondu collectivement dans son premier discours aux Communes.

Partageant sa victoire avec l'ensemble des quatre millions de Canadiens qui souffrent d'un handicap, la parlementaire a promis de sensibiliser la classe politique à l'importance des programmes sociaux qui brisent l'isolement des personnes à mobilité réduite.

Quelques mois à peine après son élection, l'expérience de Manon Perreault en politique fédérale est déjà atypique.

Cette ancienne conseillère municipale a fait campagne dans de petits cafés et des restaurants du coin, parce que le porte-à-porte aurait été presque impossible pour elle.

Manon Perreault milite notamment pour s'assurer que les Canadiens qui se blessent de façon majeure reçoivent tous une compensation juste.

Elle a aussi demandé au gouvernement de remplir ses obligations en vertu de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, signée par Ottawa il y a quelques années.