Ottawa et les provinces pourraient faire face à des déficits structurels à long terme s'ils ne revoient pas leurs politiques fiscales, a prévenu jeudi le directeur parlementaire du budget, Kevin Page.

Dans son plus récent rapport sur la viabilité financière du Canada, M. Page affirme que les déficits combinés des gouvernements fédéral et provinciaux représentent environ 2,7% du produit intérieur brut (PIB) du pays.

Le déficit d'Ottawa équivaut à 1,2% du PIB canadien et celui des provinces, à 1,5%, estime-t-il.

Afin de régler ce problème, Ottawa et les provinces devraient trouver 46 millions $ en argent d'aujourd'hui - avant ajustement à l'inflation et à la croissance économique - au moyen de réductions des dépenses, de hausses des impôts ou d'une combinaison des deux, selon le directeur parlementaire du budget.

M. Page prévient également que plus le gouvernement tardera à agir, plus important sera l'écart, même s'il reconnaît que la situation n'a pas encore pris la dimension d'une crise.

«Pas mal de gens disent que le Canada a encore du temps devant lui, a affirmé jeudi M. Page. Mais le problème est que ces (questions) doivent tôt ou tard faire partie de la conversation, et nous n'avons pas aujourd'hui de structure financière durable.»

Dans son rapport, M. Page ne traite pas directement des déficits actuels des gouvernements, mais plutôt de leurs pratiques fiscales sous-jacentes.

Il part du principe que les gouvernements vont maintenir les programmes de dépenses en place et continuer d'avoir les niveaux actuels de génération de revenus.

Le directeur parlementaire du budget prévient qu'il n'a pas la prétention de prédire ce qui va se passer. Il ne fait qu'indiquer ce qui pourrait se passer si des mesures ne sont pas adoptées ou si les conditions ne changent pas.

Ottawa s'est pour la dernière fois retrouvé sur une voie fiscale négative durant les années 1970 et lors de la décennie suivante, avant que le gouvernement conservateur de Brian Mulroney ne mette en place la taxe sur les produits et services (TPS) et que les libéraux de Jean Chrétien ne suivent avec de sérieuses réductions des dépenses.

M. Page ne remet pas en question le fait que le fédéral et les provinces pourraient équilibrer leurs budgets respectifs en quatre ou cinq ans, à mesure que l'économie s'améliorera. Il juge cependant cela peu probable compte tenu du ralentissement de l'économie.

En outre, M. Page souligne qu'à mesure que la population du pays vieillira, les Canadiens au travail seront proportionnellement moins nombreux à payer des impôts, et les retraités, plus nombreux à réclamer leurs prestations.