La présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, n'est «pas particulièrement inquiète» de la tournure des négociations avec les policiers de la Sûreté du Québec. Hier, au lendemain du rejet de l'entente de principe, elle a invité les représentants syndicaux à reprendre les discussions «le plus rapidement possible».

Le président de l'Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ), Pierre Veilleux, a décidé que son équipe et lui-même allaient «prendre un temps d'arrêt» jusqu'au 28 août. Le conseil de direction de l'APPQ se réunira ce jour-là pour «réaligner le mandat de négociation». Les pourparlers pourront reprendre par la suite.

Patrouilles en solo

Mardi, les 5200 policiers de la SQ ont rejeté, dans une proportion de 57%, l'entente de principe conclue avec le gouvernement en juillet.

Selon Pierre Veilleux, les policiers s'opposent surtout à la prolongation des patrouilles en solo jusqu'à 22h, au lieu de 19h: «Bien qu'on avait décidé de recommander l'entente, il y avait un sujet chaud, une demande patronale sine qua non: la patrouille déjumelée. Les membres ont refusé pour des questions de sécurité.»

Le syndicat avait décidé de présenter l'entente à ses membres, mais il n'a «pas trop forcé»: «On n'est pas des vendeurs de chars. On est allés l'expliquer et la rationaliser, parce que c'était très émotif. Et les membres ont décidé tout simplement de dire non.»

Pierre Veilleux est prêt à reprendre les négociations, mais il se demande si Québec est prêt à abandonner la prolongation des patrouilles en solo.

Mutisme

En entrevue à La Presse, Michelle Courchesne a refusé d'ouvrir son jeu. «Je ne veux pas discuter de chacun des points. Si je fais ça, je négocie sur la place publique», a-t-elle dit.

Si elle ne s'inquiète pas outre mesure de la tournure des événements, la ministre s'en étonne, toutefois: «Le syndicat, quand il a signé l'entente de principe, se disait certainement que les membres allaient l'accepter. Sinon, il ne l'aurait pas signée. Ça n'a pas été signé sous la contrainte.»

Elle a toutefois rappelé que les agents correctionnels, qui avaient également rejeté une entente de principe dans un premier temps, ont fini par s'entendre avec le gouvernement. «On a trouvé une voie de passage; on va faire la même chose avec les policiers de la Sûreté du Québec. Honnêtement, je ne suis pas particulièrement inquiète. Nous sommes prêts à reprendre les discussions.»

Elle a toutefois rappelé le message patronal: «Nous avons un cadre financier très strict.» Les policiers de la SQ, a-t-elle dit, auront droit aux mêmes «paramètres salariaux» que les salariés du front commun. «Tout le monde a eu la même chose», a-t-elle insisté.

Or, elle a omis de parler des diverses primes bonifiées, notamment au chapitre de l'ancienneté, qu'elle a accepté de consentir aux policiers de la SQ. Pierre Veilleux a confirmé ces bonifications, qui s'ajoutent aux «hausses salariales générales». Il se demande si ces primes bonifiées seront toujours sur la table.

Le président syndical n'a pas écarté le recours éventuel à des moyens de pression. «À partir du moment où je dis qu'on veut reprendre les discussions le plus rapidement possible, à mon avis, il n'y a pas lieu d'avoir des moyens de pression, a répliqué Michelle Courchesne. Il n'y a rien de rompu.»