La prière du vendredi organisée depuis trois ans par un imam dans la cafétéria d'une école publique de Toronto, où vit une importante communauté musulmane, suscitait la controverse mercredi au pays.

La commission scolaire de Toronto, capitale de l'Ontario peuplée par plus de cinq millions d'habitants dont la moitié n'y sont pas nés, autorise depuis trois ans un imam à diriger la prière hebdomadaire du vendredi dans la cafétéria de l'école d'enseignement secondaire de Valley Park.

La commission scolaire a donné sa bénédiction à ce projet, estimant qu'il était préférable que les étudiants restent à l'école plutôt que de se rendre à la mosquée et risquer ainsi de rater un cours. L'imam a été choisi par les parents des élèves et ne reçoit aucun subside de l'école.

«Dans une école avec une telle concentration d'étudiants musulmans, il s'agissait de la meilleure solution afin d'éviter que le temps de classe ne soit compromis», a déclaré Jim Spyropoulos, haut responsable de la commission scolaire, au quotidien The Globe and Mail.

Ces prières, qui ont démarré il y a trois ans dans cette école, défrayent la chronique depuis la publication d'un reportage dans la presse torontoise cette semaine. Des réactions hostiles ont, depuis, fleuri sur les sites des médias.

Cette initiative ne fait pas l'unanimité au sein des musulmans du Canada. «Nous le disons depuis le début et pas simplement parce que l'histoire défraye actuellement la chronique. Nous sommes opposés à cette mesure», a dit à l'AFP Salma Siddiqui, vice-présidente du Congrès musulman canadien, une organisation défendant une conception plutôt libérale de l'Islam.

«C'est de la rectitude politique. Ils (la commission scolaire) veulent montrer qu'ils trouvent des accommodements. Aujourd'hui c'est cette religion qui a des réclamations, mais demain ça en sera une autre. Où cela va-t-il s'arrêter? Comment pourrons-nous vivre ensemble en société?», a-t-elle ajouté.

La prière était jadis obligatoire dans les écoles au Canada, mais depuis l'adoption de la charte des droits de la personne en 1982, elle a perdu ce statut, le principe de la «liberté de conscience et de religion» primant sur la tradition chrétienne du pays.

Le respect de la «liberté de conscience et de religion» a aussi forcé les institutions publiques à trouver des «accommodements», notamment religieux, pour les minorités au Canada, qui accueille environ 250 000 immigrants par an.

La Commission des droits de la personne du Québec avait par exemple demandé, en 2006, à une université d'ouvrir un lieu multiconfessionnel pour satisfaire les demandes d'étudiants musulmans.