La guerre, c'est peut-être l'enfer, mais ce n'est pas ce qui a découragé les dizaines de milliers de personnes qui ont postulé pour joindre les rangs des forces armées canadiennes au cours de la mission de combat du Canada en Afghanistan.

Les statistiques militaires compilées pendant les 10 dernières années indiquent que les forces armées régulières et de réserve n'ont pas réussi à atteindre les cibles de recrutement qu'elles se sont fixées.

Mais cette situation ne s'explique pas par le manque de candidatures.

Pendant que le nombre de victimes augmentait en Afghanistan et que les débats politiques au sujet de cette guerre s'intensifiaient, le nombre de candidatures pour joindre les rangs des Forces armées ont grimpé de manière continue. Parfois, ces chiffres étaient deux fois plus élevés qu'ils ne l'étaient au début de la mission.

En 2009-2010, les Forces canadiennes ont reçu 25 738 demandes, une hausse considérable par rapport à l'année fiscale 2001-2002, où ce nombre s'établissait à 13 504. Fait à noter, ce chiffre incluait les demandes des soldats qui voulait effectuer un transfert d'unité.

À l'approche de la fin de la mission, en 2010-2011, le nombre de candidatures a chuté à 18 881.

Selon Richard Langlois, de Recrutement Forces Canadiennes, l'étendue de la couverture médiatique à propos de la guerre a été un facteur clé dans cette augmentation. L'engouement pour les postes à l'infanterie, qui sont habituellement les plus difficiles à combler, a été le plus marqué, selon M. Langlois. Plutôt que de dissuader la population, les récits de guerre, aussi nombreux et bien documentés qu'ils étaient, ont souligné l'urgence et l'importance du travail mené par les troupes canadiennes en Afghanistan.

«Je crois que les gens ont été influencés quand ils ont vu que la guerre n'était pas un jeu, mais bien une réalité», a déclaré M. Langlois.

«Nos soldats sont entraînés pour faire la guerre. C'est dangereux, oui, mais les gens sont également fiers de dire qu'ils sont des soldats.»

Bien que les militaires aient cessé de compiler le nombre de candidatures pendant quatre ans, de l'année fiscale 2005 à celle de 2008, M. Langlois estime que la hausse des candidats est continuelle depuis cinq ou six ans.

Quand même, la mission canadienne en Afghanistan a contribué à l'érosion des effectifs militaires. Le taux d'attrition est passé de 4265 en 2004-2005 à 6217 en 2008-2009, pour finalement s'établir à 4700 en 2010-2011.

La popularité de la mission a également ses mauvais côtés. Comme l'explique M. Langlois, un nombre élevé de candidatures ne signifie pas que la qualité des candidats ait elle aussi augmenté.

«Il y a toujours des candidats qui se rendent au centre de recrutement simplement parce qu'ils aiment les armes, ou encore parce qu'ils veulent tuer des terroristes», a-t-il déclaré.

«Nous ne voulons pas seulement des candidats qui veulent tuer des méchants, mais plutôt des gens intelligents, qui veulent poursuivre une carrière dans les Forces armées et qui sauront représenter le Canada dignement.»