Malgré la «faiblesse» de la preuve contre l'accusé, la Cour supérieure de l'Ontario a autorisé lundi l'extradition vers la France d'Hassan Diab, professeur de sociologie canado-libanais soupçonné d'être l'auteur de l'attentat de la rue Copernic perpétré à Paris il y a plus de 30 ans.



Sitôt le jugement rendu, la défense a signifié son intention d'interjeter appel. «Je le réitère: je suis innocent, a déclaré Hassan Diab dans un communiqué publié lundi. Je prendrai tous les moyens juridiques pour laver ma réputation et j'ai hâte au jour où je pourrai reprendre le cours de ma vie.»

Hassan Diab, professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa et à l'Université de Carleton, a été arrêté par la GRC le 13 novembre 2008 à Gatineau. La justice française l'accuse d'avoir posé la bombe qui a tué quatre personnes et fait une quarantaine de blessés le 3 octobre 1980, près d'une synagogue de Paris.

Diab clame son innocence depuis le début et soutient qu'il est victime d'une homonymie.

Un dossier «faible»

Dans sa décision rendue lundi, le juge Robert Maranger a qualifié de «faible» la preuve soumise par la France. Il semble «improbable», selon le magistrat, qu'Hassan Diab soit reconnu coupable au terme d'un procès équitable.

La preuve centrale est une expertise graphologique selon laquelle il existe une ressemblance entre l'écriture de Hassan Diab et un formulaire hôtelier rempli par une personne probablement impliquée dans l'attentat de la rue Copernic. Lors des audiences, l'avocat d'Hassan Diab, Donald Bayne, a fait entendre trois experts qui mettent en doute l'expertise en question.

Bien que la preuve de l'écriture lui semble «critiquable», le juge Robert Maranger soutient que la Loi sur l'extradition ne lui permet pas d'en considérer les faiblesses. «Compte tenu du traité que nous avons avec la France, il est présupposé que [les autorités françaises] vont tenir un procès équitable et que justice sera rendue», a écrit le magistrat.

Hassan Diab ne croit pas qu'il aura droit à un procès équitable. «Malheureusement, selon les lois antiterroristes françaises, je ferai face à des accusations basées sur des renseignements des services secrets, que je ne pourrai contester», a-t-il écrit dans son communiqué.

Son avocat, Donald Bayne, portera le jugement devant la Cour d'appel de l'Ontario. Il entend faire valoir une décision rendue en 2006 par la Cour suprême qui dit que les Canadiens ne doivent pas être extradés sur la foi de preuves peu fiables.

«Actuellement, la Loi sur l'extradition est très, très injuste pour les Canadiens», a dit Me Bayne à La Presse.

Hassan Diab, qui était en liberté pendant les audiences, a été incarcéré en attendant son extradition. Son avocat s'adressera au tribunal cette semaine pour demander que son client soit mis en liberté.

Les autorités françaises soutiennent que le Canadien aurait été impliqué, il y a 31 ans, dans l'explosion d'une bombe dans une synagogue de Paris. L'attaque avait fait quatre morts et plusieurs blessés.

Hassan Diab, qui enseigne dans deux universités d'Ottawa, a toujours nié être celui que la France recherchait depuis des années.

En novembre 2008, il a été arrêté par la Gendarmerie royale du Canada à la demande de la France.

Le juge Maranger a conclu que le dossier présenté par la France était «faible» et qu'il ne mènerait probablement pas à la condamnation de M. Diab. Il a ajouté que l'accusé devait quand même se livrer, en vertu des lois canadiennes sur l'extradition.

Dans le passeport de M. Diab, les estampes indiquent qu'il n'était pas en France au moment de l'attentat. Son écriture apparaîtrait toutefois dans la fiche d'inscription d'un hôtel français, une preuve que ses avocats ont attaquée avec vigueur.

Photo: AFP

Le 3 octobre 1980, un attentat à la bombe fait 4 morts et 20 blessés rue Copernic, à Paris. Après l'explosion, les policiers arrivent sur les lieux pour secourir les victimes.