Les défenseurs des centres d'injection supervisée attendent avec impatience le jugement de la Cour suprême du Canada, qui scellera le sort de l'établissement de Vancouver fournissant ce service, Insite.

Le plus haut tribunal du pays tranchera pour déterminer si la gestion d'Insite est de compétence provinciale ou fédérale. Les juges indiqueront également si les droits des toxicomanes seraient violés par la fermeture du centre.

Si la Cour suprême devait déterminer qu'un tel service relève du gouvernement provincial, d'autres établissements semblables à Insite pourraient voir le jour ailleurs au pays, selon une toxicomane montréalaise et membre d'un groupe de défense pour les centres supervisés.

De tels établissements peuvent prévenir la propagation de maladies, les surdoses mortelles et faciliter l'accès à des services de désintoxication aux usagers, a affirmé Alexandra de Kiewit, une militante de l'Association québécoise pour la défense des droits et l'inclusion des personnes qui consomment des drogues.

Les villes de Québec, de Toronto et de Victoria ont par ailleurs fait part de leur intérêt pour l'ouverture d'un centre d'injection supervisée.

Le ministre québécois de la Santé, Yves Bolduc, a fait savoir qu'il attendrait le jugement de la Cour suprême pour se prononcer sur la possibilité de mettre sur pied des établissements de ce type.

La cour a entendu des plaidoieries la semaine dernière mais on ignore pour l'instant à quel moment le jugement sera rendu.

L'organisme montréalais Cactus, qui autorise l'échange de seringues pour les toxicomanes, a annoncé l'ouverture d'un centre d'injection supervisée dès cet été et ce, sans regard à la décision de la cour.

Le problème est toutefois moins criant au Québec qu'à Vancouver. Au Québec, en 2008, on rapportait que 76 personnes ont succombé à une surdose de drogue, alors que l'on en a complé plus de 2000, à Vancouver seulement, au cours de la décennie précédant l'ouverture d'Insite.

Les résultats préliminaires d'une étude menée à Toronto laissent entendre que l'ouverture d'un centre d'injection supervisée dans cette ville bénéficierait d'un soutien public suffisant. Le rapport complet du Centre de recherche sur la santé au centre-ville de l'hôpital St. Michaels devrait être publié au cours de l'été.

Insite a reçu ses premiers clients en 2003, après une hausse inquiétante des surdoses mortelles dans le quartier Downtown Eastside à Vancouver. Les toxicomanes peuvent s'injecter leur propre héroïne sous la supervision d'un infirmier.

Il s'agissait alors du premier centre de ce genre à voir le jour en Amérique du Nord. Le gouvernement libéral de l'époque avait accordé à Insite une exception à la loi fédérale sur les drogues.

Le gouvernement conservateur a manifesté l'intention de mettre un terme à cette exemption et fermer ce centre d'injection supervisée.