Le président de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ), Sylvain Lévesque, se porte à la défense de son vice-président, Samir Alahmad, soupçonné de faire de la surfacturation. Il trouve suspect que Québec ait décidé de mener une enquête dans une garderie de M. Alahmad au moment où les membres de l'AGPQ revendiquent les mêmes subventions que les CPE.

«C'est particulier que ça se passe alors qu'on commence à faire pression. On se fait ramasser chaque fois qu'on parle», a affirmé M. Lévesque.

Enquête en cours

La Presse a révélé hier que le ministère de la Famille fait enquête au Royaume magique, à Mascouche. Un plaignant a signalé que la garderie appartenant à M. Alahmad forcerait les parents à payer 5$ par jour - en sus des 7$ - pour des heures supplémentaires de garde qu'ils n'utilisent pas, car ils n'en ont pas besoin. Les inspecteurs ont découvert que les parents de 76 des 80 enfants de la garderie ont signé une entente en ce sens. Tous ces parents feraient donc garder leur enfant onze heures et demie chaque jour, à longueur d'année, une situation qui alimente les soupçons au ministère.

Notons que c'est La Presse qui a interpellé le Ministère au sujet du Royaume magique et non l'inverse.

Selon Sylvain Lévesque, Samir Alahmad n'a rien à se reprocher. «Je le connais depuis 17 ans. J'ai de la famille dans ses services de garde. Je sais comment il fonctionne. Je lui fais confiance. Les parents ne sont pas obligés. Ils signent l'entente de façon volontaire.»

Selon lui, les parents n'ont qu'à signer un avis de résiliation pour ne plus payer le supplément s'ils n'ont pas besoin des heures supplémentaires. Selon une source, le plaignant aurait été menacé de perdre sa place au Royaume magique. «Les parents se mettent souvent dans la tête qu'il va y avoir des représailles. Voyons donc! Comment peut-on penser qu'un gestionnaire de garderie va s'en prendre à un enfant parce que le parent ne veut plus utiliser le service?»

La Presse a révélé l'an dernier que Le Petit pommier, à Terrebonne, avait expulsé deux enfants après que leurs parents eurent décidé de ne plus payer le supplément de 8$ par jour que la garderie exigeait. Ils ont dû trouver des places ailleurs.

Selon M. Lévesque, Samir Alahmad n'a pas à se retirer de la vice-présidence de l'AGPQ le temps que l'enquête soit terminée.

L'AGPQ demande à Québec de résorber l'écart de financement entre le réseau privé et public. Une garderie privée subventionnée reçoit de l'État 34,50$ par jour pour chaque enfant de plus de 18 mois et 51,70$ pour chaque poupon, d'après les données de l'AGPQ. C'est 37,80$ et 58,60$ dans le cas d'un CPE. La différence s'explique entre autres par le fait qu'une garderie est à but lucratif contrairement à un CPE, à but non lucratif, souligne le Ministère.

La députée péquiste et porte-parole en matière de famille, Carole Poirier, souhaite que l'enquête du Ministère soit étendue aux deux autres garderies de M. Alahmad et à celles de sa conjointe et de sa fille. Comme M. Alahmad est vice-président de l'AGPQ, elle se demande si ce genre de surfacturation est répandu dans le réseau.

Elle juge inacceptable que le Ministère ait attendu près d'un an avant de traiter la plainte et de faire une inspection. S'il y a eu un aussi long délai, «est-ce que c'est parce que M. Alahmad est un généreux donateur du Parti libéral?», s'est-elle demandé.

La ministre de la Famille, Yolande James, assure que «ce sont les mêmes règles pour tout le monde».

Elle a rappelé que le nombre d'inspecteurs a triplé pour traiter plus rapidement les plaintes. Elle n'a pas voulu commenter l'enquête en cours au Royaume magique.