Le nombre de maisons inondées par les eaux de la rivière Richelieu a encore une fois augmenté, hier. Il s'élève maintenant à plus de 2100. Et le pire reste à venir: de fortes pluies continueront de s'abattre sur la région jusqu'à demain, et la Sécurité civile prévoit que la rivière pourrait monter d'encore 40 à 45 cm.

Craignant de ne pouvoir garder la situation en main, les municipalités de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, de Noyan et de Henryville ont pressé les riverains de quitter leur demeure.

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La ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a quant à elle adopté des mesures d'urgence, qui lui permettront d'évacuer de force des résidants si la situation dégénère. Deux centres d'accueil sont en outre ouverts 24 heures sur 24.

Déjà, à Venise-en-Québec, la situation est catastrophique. Dans plusieurs rues, il est maintenant impossible de circuler autrement qu'en bateau ou en tracteur. Ian Godbout, l'un des rares citoyens à posséder un tracteur, a amené La Presse dans les secteurs les plus inondés.

À la jonction de Venise-en-Québec et de Clarenceville, l'eau submerge complètement les bornes-fontaines. Les maisons ressemblent littéralement à de petites îles. À bord de leur canoë, Emma Arsenault et Michel D'Amour rentraient chez eux avec leur épicerie. «On reste. Mais on a peur. On sait que l'eau va monter encore», a dit Mme Arsenault.

Un peu plus loin, Clément Tremblay nous a demandé de lui rapporter des sacs de sable pour barricader sa porte, qui menaçait de céder. «Je me bats, mais si ça monte encore, je pars», a-t-il dit.

À quelques rues de là, la résidence pour aînés du Lac-Champlain a été évacuée lundi. Les occupants ont été relogés dans un hôtel de Saint-Jean-sur-Richelieu. En Montérégie, plus de 400 personnes ont déjà évacué leur maison.

À Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, tous les riverains ont reçu un avis officiel d'évacuation. «C'est le temps de partir. Les eaux sont polluées. Nos égouts ne fonctionnent plus efficacement. On en a encore pour au moins 10 jours. On invite donc les gens à partir», a expliqué le maire, Gérard Dutil.

L'école Alberte-Melançon a été fermée. Des pompes vidaient le sous-sol hier après-midi. Les élèves devront dès demain se rendre à Saint-Blaise pour la classe. L'école secondaire Bouthillier, à Saint-Jean-sur-Richelieu, est aussi sous haute surveillance.

»Les routes ne tiendront plus longtemps»

Il devient de plus en plus périlleux de circuler dans les rues inondées, qui risquent de s'effondrer. Ian Godbout l'a appris à ses dépens, lundi. La route sur laquelle il circulait à Venise-en-Québec a cédé sous son tracteur. «J'ai eu la peur de ma vie. Les routes ne tiendront plus longtemps.»

Un employé de la ville, qui livrait des sacs de sable aux citoyens, a également failli y laisser sa peau. «Il marchait avec un sac de sable, chaussé de bottes cuissardes. Il a mis les pieds dans une piscine creusée. Il a coulé d'un coup. Quelqu'un a dû le secourir. Plus l'eau monte, moins on voit le fond et plus c'est dangereux», a raconté M. Godbout.

Au Terrasse Beach Club, un bar au bord du lac Champlain, le propriétaire Alain Lemay est découragé. Sa terrasse et son bar ont été dévastés par l'eau. Il prévoit perdre une importante part de son chiffre d'affaires cet été, car les travaux de reconstruction seront longs.

Les agriculteurs aussi sont inquiets. Quelque 500 fermes font la culture du grain dans les régions inondées, selon Jean Dumont, de la Fédération de l'Union des producteurs agricoles de Saint-Hyacinthe. Plusieurs terres sont si détrempées qu'il sera impossible de les cultiver cet été.

Dès aujourd'hui, un bureau de l'assistance financière sera ouvert à Saint-Jean-sur-Richelieu. Les sinistrés pourront entamer des démarches pour obtenir des indemnités, le gouvernement ayant déjà annoncé un programme d'aide.