Pour la 12e fois depuis 2006, le ministère de la Famille a dépêché un inspecteur à la garderie La Colmenita, hier, à la suite de plaintes de parents et des accusations de voies de fait portées contre deux hauts responsables.

La visite de l'inspecteur est survenue quelques heures seulement après que La Presse eut informé le Ministère de l'incident survenu le 21 janvier dernier.

Tard hier soir, le porte-parole du Ministère, Étienne Gauthier, a affirmé que l'inspecteur a fait des «constats», mais il a refusé de dire lesquels.

Chose certaine, le Ministère demande au groupe G-Souriant, à qui appartient La Colmenita, de retirer les deux hauts responsables accusés de voies de fait. «On prend cette affaire très au sérieux», a affirmé M. Gauthier. Selon lui, les deux employés auraient dû être retirés dès le début de l'enquête policière.

L'inspecteur a fait le suivi au sujet de plaintes de parents concernant entre autres des «pratiques inappropriées» - M. Gauthier n'a pas voulu indiquer lesquelles.

Des parents se confient...

Quatre parents dont les enfants fréquentaient La Colmenita se sont confiés à La Presse, sous le couvert de l'anonymat. Ils ont retiré leurs enfants au cours des derniers mois. Ils dénoncent le manque de qualification du personnel, le nombre insuffisant d'éducatrices, mais aussi des comportements douteux.

Un parent a révélé que son enfant a été «enfermé dans le noir pendant quelques minutes» en guise de punition. Le président du groupe G-Souriant, Christopher Pattichis, confirme cet agissement et réplique que l'employée fautive a remis sa démission. Selon lui, trois parents ont retiré leurs enfants à la suite de cet incident.

La Presse a consulté une douzaine de plaintes déposées par des parents depuis 2007. Dans la plus récente, qui date du 22 décembre, un parent «reproche à une éducatrice d'avoir frappé son enfant». Le Ministère a toutefois fermé le dossier, faute de preuve.

Québec a déjà constaté par le passé que la garderie ne respectait pas le nombre d'enfants par éducatrice prévu au règlement.

... des ex-employées aussi

Cinq ex-employées de La Colmenita ont d'ailleurs dénoncé à La Presse des conditions de travail difficiles. Elles devaient souvent s'occuper d'un trop grand nombre d'enfants. Certaines d'entre elles ont déposé une plainte à la Commission des normes du travail. L'une affirme que la garderie ne lui a pas payé 37 heures de travail.

Selon Christopher Pattichis, «La Colmenita fonctionne très bien dans le cadre des règlements. Mais comme toute autre garderie, il se passe des incidents. Et nous, quand il y a un problème, une difficulté, on est toujours là pour essayer de régler ça du mieux qu'on peut». Il se dit victime de la vengeance d'employées qu'il a congédiées. Selon lui, plusieurs plaintes sont non fondées.

Lorsque La Presse lui a demandé pourquoi un inspecteur du Ministère s'est rendu à La Colmenita, M. Pattichis a répondu que cette visite était «normale», qu'elle se faisait dans le cadre de son renouvellement de permis.

Une trentaine d'enfants fréquentent La Colmenita. La garderie n'est pas subventionnée et demande 35$ par jour aux parents.

La Presse a révélé le 22 mars que le Ministère menace de fermeture l'Étoile du jour, autre garderie de Montréal appartenant au groupe G-Souriant - il en compte cinq au total. Il pourrait révoquer son permis en raison d'infractions répétées au règlement depuis quatre ans.