Marie-Ève Côté habitait en banlieue sud de Montréal. Elle avait tout: une famille qui l'aimait, une bonne école.

Puis vinrent l'adolescence, «le mal de vivre», un manque terrible de confiance en elle et un immense besoin d'être aimée. L'adolescence, quoi. À cette différence près qu'elle a eu le malheur, dit-elle, de tomber sur de mauvais amis.

Entrée au cégep dès l'âge de 15 ans, elle s'est retrouvée entourée d'élèves plus âgés qu'elle qui consommaient beaucoup d'alcool et de drogue. Pour être acceptée par eux, elle s'y est mise aussi, sans même en avoir très envie.

D'ailleurs, dit-elle, elle n'a jamais été toxicomane. Elle faisait comme les autres, voilà tout.

Puis elle s'est mise à manquer ses cours de chant, sa grande passion. «Au lieu d'appeler mes parents, la professeure m'appelait, moi.»

Ses parents ignoraient qu'elle séchait ses cours de chant et ses cours de cégep, mais ils avaient noté, à son humeur fluctuante, que quelque chose n'allait pas.

«J'avais terriblement honte de moi, je me sentais coupable de ce que j'étais devenue. Un jour, j'en ai eu assez. Je ne voyais aucune issue. En réalité, il y avait plein de solutions, mais je ne les voyais pas. J'en suis venue à penser que ma famille serait beaucoup mieux sans moi. Et Tel-Jeunes, bizarrement, je pensais, bien à tort, que c'était pour les petits jeunes du secondaire.»

Jamais elle n'a cru que sa mort ferait de la peine à ses proches. «Comme beaucoup de gens au plus bas, je me disais qu'ils seraient mieux sans moi.»

Marie-Ève a attenté à sa vie sans s'assurer qu'on la trouverait rapidement. Il a fallu 22 heures avant que sa soeur ne la trouve. Elle a passé un mois aux soins intensifs. Les médecins n'en sont pas revenus qu'elle se soit remise sur pied, et sans séquelle.

«Mes parents étaient en Europe. Ils sont rentrés aussitôt. Mon frère est arrivé de Québec et ma soeur ne m'a pas quittée. Au fur et à mesure que je voyais mes proches accourir à mon chevet, j'ai réalisé que j'avais eu tort de penser que je me ferais engueuler ou renier si je me confiais à eux.»

«Deux de mes amis d'alors sont venus à l'hôpital. Je ne voulais plus les voir. C'était clair pour moi: j'allais changer de vie.»

C'est ce qu'elle a fait. Elle a changé d'amis, changé d'école. Elle a compris que, en cas de problème, il faut s'ouvrir: «On a tous des moments où on va moins bien. C'est mon cas aussi, parfois, mais maintenant je sais que, quand ça arrive, il faut simplement en parler et que nos proches peuvent nous aider à y voir plus clair.»

Si la consommation de drogue et d'alcool est courante dans son domaine - la chanson -, Marie-Ève est certaine qu'elle n'y touchera plus et que plus jamais elle ne tentera de mettre fin à ses jours. «Aujourd'hui, je gagne bien ma vie, je suis mariée, je suis heureuse. Parfois, je vais parler dans des écoles, et c'est ce que je dis: regardez tout ce à côté de quoi je serais passée, si j'étais morte ce jour-là. Ça arrive, les mauvaises passes. Quand on cherche un peu, il y a toujours quelqu'un à qui parler.»

Et bien sûr, le 1-866-APPELLE, ce n'est pas seulement pour les ados.