Alors que le gouvernement du Québec cherche à sabrer dans ses dépenses, deux syndicats de policiers lui demandent d'ajouter 500 millions $ pour mieux financer les services de police municipaux.



La Fraternité des policiers de Montréal et la Fédération des policiers municipaux du Québec ont uni leur voix, mardi à Montréal, pour réclamer la création de ce Fonds des services de police municipaux, au nom de l'équité de traitement entre toutes les municipalités.

Les deux regroupements syndicaux de policiers affirment qu'à l'heure actuelle, les municipalités qui recourent à la Sûreté du Québec comme corps policier reçoivent du gouvernement du Québec une subvention couvrant 47% du coût des services de base.

Les autres services de police municipaux, dans 103 municipalités desservant près de 5,5 millions de citoyens, ne bénéficient pas d'une telle contribution financière, ont affirmé les deux dirigeants syndicaux, Denis Côté et Yves Francoeur, au cours d'une rencontre avec la presse.

«Il y a 30% de la population actuellement qui est financée, ça coûte 235 millions $. Donc si on fait l'équivalent pour les 5,5 millions de citoyens qui demeurent, soit 70% de la population, ça tourne autour de 500 millions $», a dit Denis Côté, président de la Fédération des policiers municipaux du Québec.

Interrogé à savoir où le gouvernement puiserait cet argent, alors qu'il s'affaire plutôt à réduire ses dépenses, le représentant syndical a avoué qu'il l'ignorait. «Je n'ai pas d'idée où ils iraient chercher l'argent, mais comme on croit que la sécurité publique est une priorité, on doit la financer», s'est exclamé M. Côté.

M. Francoeur a souligné que si la Ville de Montréal bénéficiait des mêmes subventions que les villes qui sont desservies par la SQ, elle recevrait 200 millions $.

UMQ: pas si simple

Les calculs ne sont pas si simples que ça, a rétorqué l'Union des municipalités du Québec. «Ce n'est pas aussi simple que 53-47 pour cent» du coût du service de base, a répliqué en entrevue le président de la commission de la sécurité publique de l'UMQ et maire de Montmagny, Jean-Guy Desrosiers.

L'UMQ attend justement la publication d'un rapport sur la question afin d'avoir l'heure juste, elle qui compte parmi ses membres à la fois des municipalités représentées par la SQ et des villes qui ont leur propre sûreté municipale. Le rapport est attendu prochainement.

Entre-temps, M. Desrosiers refuse de se prononcer sur la question même de l'existence d'une iniquité entre les municipalités en matière de financement des services de police. «Tant que je n'aurai pas un rapport complet, c'est difficile à dire. On se doit d'avoir une idée bien précise avant d'émettre des opinions qui pourraient soit nuire à l'un ou nuire à l'autre», a-t-il conclu en entrevue.

Un autre syndicat de policiers, celui de la SQ, est intervenu dans le débat à son tour pour revendiquer que le plafond du nombre de citoyens pouvant permettre à une municipalité de choisir entre la SQ et son propre corps de police municipal soit rehaussé.

Dans une lettre qu'il a fait parvenir au ministre de la Sécurité publique Robert Dutil, le président de l'Association des policiers provinciaux, Jean-Guy Dagenais, a demandé à ce que les municipalités de moins de 100 000 habitants puissent bénéficier d'un tel choix, et non seulement les municipalités de moins de 50 000 habitants.

M. Côté croit que le fait d'acquiescer à cette demande ne réglerait pas le problème. «Au lieu d'avoir 103 municipalités, il y en aurait 90» qui ne bénéficieraient pas des mêmes subventions gouvernementales que les villes qui ont recours à la SQ, a-t-il avancé.