L'Agence des services frontaliers du Canada assure avoir pris toutes les mesures nécessaires afin «d'atténuer tous les risques possibles» lorsque, en juin 2009, Adil Charkaoui s'est retrouvé pendant une vingtaine d'heures sans son bracelet GPS de surveillance.

Dans un courriel adressé à La Presse, Sabrina Mehes, porte-parole de l'ASFC, ajoute que son organisme ne «mettra pas en doute» sa capacité de surveiller efficacement les personnes visées par un certificat de sécurité, tel Adil Charkaoui à l'époque, parce que la «sécurité du public canadien est d'une importance capitale».

Samedi, La Presse a relaté l'aventure rocambolesque vécue par le Montréalais Adil Charkaoui les 3 et 4 juin 2009 après son expulsion d'un avion qui reliait Fredericton à Montréal.

L'appareil d'Air Canada avait fait demi-tour après 40 minutes de vol à la demande des Américains, qui refusaient qu'il survole leur territoire (le Maine) avec Charkaoui à bord. Au moment des faits, le Montréalais était visé par un certificat de sécurité parce qu'on le soupçonnait d'appartenir à Al-Qaïda. Lors de sa mise en liberté, en février 2005, la Cour fédérale lui avait imposé le port d'un dispositif de repérage par GPS. Ce système avait été désactivé durant le vol, mais les deux agents qui escortaient Adil Charkaoui n'ont pu le réactiver lorsqu'ils ont été contraints de descendre de l'appareil à Fredericton, simplement parce que le dispositif n'était pas prévu pour fonctionner au Nouveau-Brunswick.

Ce n'est que le lendemain après-midi, tandis que Charkaoui se trouvait aux environs de Québec dans une auto de location, suivie par celle des agents de l'ASFC, que son bracelet s'est remis à fonctionner.

Des questions sans réponse

L'ASFC ne répond toutefois pas à la question de savoir pourquoi personne n'a vérifié l'étendue de la couverture du réseau avant qu'Adil Charkaoui n'entreprenne son voyage. Elle considère de plus qu'il aurait été «inapproprié» que ses agents soient dans le même véhicule que celui d'Adil Charkaoui et précise qu'il ne s'agissait pas d'une escorte officielle.

Il reste à savoir qui a prévenu les autorités américaines du fait qu'Adil Charkaoui, interdit de vol aux États-Unis, se trouvait à bord de ce vol intérieur.

L'intéressé accuse le Service canadien de renseignement de sécurité. L'ASFC, elle, renvoie la balle dans le camp de Transports Canada, qui refuse de «commenter sa mécanique interne». «Mais, a ajouté son porte-parole Patrick Charrette, on ne peut pas empêcher un transporteur d'appliquer une autre réglementation (étrangère) concernant les passagers interdits de vol. C'est à leur discrétion». Air Canada n'a pas rappelé La Presse.

Le certificat de sécurité d'Adil Charkaoui a été révoqué en septembre 2009.