Le gouvernement Harper va annoncer lundi la création de nouveaux espaces dans les pénitenciers fédéraux de Cowansville et de Donnacona. Des députés conservateurs feront des annonces semblables en même temps ailleurs au pays. Il s'agit de la dernière portion d'une stratégie qui comprend l'ajout de 2 700 places dans les prisons fédérales à travers le Canada. Des changements rendus nécessaires par l'approche de «loi et d'ordre» du gouvernement Harper face au crime.

Ottawa avait déjà fait des annonces semblables dans le passé: en octobre, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, avait fait état de nouveaux investissements de 155 millions de dollars pour agrandir des prisons existantes au Québec et en Ontario. La somme s'ajoutait aux 120 millions déjà répartis ailleurs au pays, pour un total de 275 millions$. Ottawa avait alors ajouté 196 nouvelles places au Centre fédéral de formation et dans les établissements de Montée Saint-François et de Sainte-Anne-des Plaines.

On ignore pour l'instant la quantité d'espaces qui seront ajoutés à Donnacona et à Cowansville, de même que dans les autres centres visés par l'annonce de lundi, à Kingston, Edmonton et Gravenhurst, en Ontario.   

Ces changements et investissements ont néanmoins été rendus nécessaires notamment par les nombreuses mesures criminelles adoptées par le gouvernement Harper depuis son arrivée au pouvoir, il y a cinq ans.

Le durcissement de la justice face à la criminalité a un prix: il y a quelques mois, le ministre de la Sécurité publique a déclaré qu'une seule nouvelle loi entraînerait des dépenses supplémentaires de 2,1 milliards de dollars sur cinq ans. Il parlait alors de la loi sur l'adéquation de la peine et du crime, adoptée en octobre, et qui a réduit l'importance du temps passé en détention avant le procès au moment de déterminer la peine de prison d'un délinquant.

Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a contredit ces chiffres. Selon lui, le coût de cette loi pourrait atteindre les 10 milliards $ sur cinq ans, partagé entre les provinces et le fédéral. M. Page a aussi affirmé que la construction de nouvelles prisons serait nécessaire pour contenir l'augmentation de détenus.

De telles conclusions ont donné des munitions aux partis de l'opposition, qui ont accusé le gouvernement de privilégier une approche de la justice idéologique, trop coûteuse et inspirée des États-Unis.

Mais le ministre Toews a toujours refusé de dire publiquement que la construction de nouvelles prisons serait nécessaire. Jusqu'ici, il a plutôt opté pour l'ajout d'unités dans des prisons existantes. Des porte-paroles de Service correctionnel Canada, de leur côté, ont admis qu'ils planchaient à l'élaboration d'un plan pour « remplacer des prisons existantes ».

Cette prudence du ministre Toews n'a toutefois pas empêché le député conservateur Jean-Pierre Blackburn de faire pression publiquement pour qu'un établissement soit construit dans sa circonscription.