Une proportion importante de Canadiens, et une proportion encore plus grande de Québécois, conduisent en état d'ébriété même s'ils jugent cette pratique inacceptable.

Voilà l'étonnant et inquiétant constat qui se dégage d'un sondage réalisé pour l'Association canadienne des automobilistes (CAA).

On y apprend que près d'un Canadien sur quatre (24 pour cent) admet avoir pris le volant au moins une fois au cours de l'année alors que son taux d'alcoolémie était près de la limite permise ou supérieure à celle-ci.

Au Québec, cette proportion dépasse largement le tiers, grimpant à 37 pour cent des personnes interrogées qui admettent avoir agi de la sorte. En fait, aucune autre province canadienne ne s'approche des chiffres affichés par le Québec, la seconde place étant occupée par la Colombie-Britannique avec 28 pour cent des automobilistes qui disent avoir conduit au moins une fois en état d'ébriété.

Pire encore, quatre pour cent des répondants québécois disent avoir ce genre de comportement assez fréquemment.

La donnée est d'autant plus inquiétante que le Québec est la seule province où la limite permise est toujours de 80 milligrammes par 100 millilitres de sang, celle-ci étant de 50 milligrammes par 100 millilitres dans les autres provinces (sauf en Saskatchewan, où elle est de 40 mg/100 ml).

Curieusement, tous les Canadiens, incluant les Québécois, estiment que la conduite en état d'ébriété est inacceptable. La proportion tourne en effet autour de 98 pour cent à travers le pays.

Le directeur général d'Éduc'alcool, Hubert Sacy, n'est toutefois nullement surpris de ces chiffres, indiquant qu'ils reflètent une réalité constatée année après année. Selon lui, le fait de prendre le volant avec les facultés affaiblies tout en qualifiant ce comportement d'inacceptable démontre que les automobilistes ne craignent pas suffisamment d'être pris en flagrant délit, particulièrement au Québec.

M. Sacy croit toutefois qu'il faut nuancer ces résultats. Il fait valoir qu'une personne qui a pris un ou deux verres a tendance à surestimer son taux d'alcoolémie, d'où l'impression d'être près ou au-delà de la limite, alors qu'elle aura au contraire tendance à sous-estimer ce taux après trois ou quatre consommations.

Une application pour calculer son taux d'alcoolémie

Éduc'alcool lançait justement, mercredi, un calculateur d'alcoolémie téléchargeable pour téléphone cellulaire. Accessible pour les modèles iPhone, il sera bientôt disponible pour la plupart des téléphones intelligents.

L'application, gratuite et fort conviviale, permet de calculer le taux d'alcoolémie de plusieurs personnes distinctes à l'avance ou en temps réel et même d'en suivre la progression sur un graphique. Elle peut aussi proposer et joindre plusieurs services de raccompagnement, qu'il s'agisse d'Opération Nez rouge ou d'un taxi et donner les coordonnées des stations de métro ou arrêts d'autobus situés à proximité.

Le sondage du CAA a été réalisé par Harris Decima auprès de 2000 Canadiens. Sa marge d'erreur est de 2,2 pour cent, 19 fois sur 20.