La discrimination salariale à l'endroit des immigrants qui arrivent au Canada ne s'est pas améliorée depuis 30 ans, selon une nouvelle analyse. Et les chercheurs n'arrivent pas à s'expliquer la raison pour laquelle, à l'heure actuelle, les nouveaux arrivants ont encore plus de difficulté que leurs prédécesseurs.

À compter des années 1980, le Canada a accueilli un bon nombre d'immigrants asiatiques, rompant avec sa tradition de recevoir des ressortissants de pays européens ou de langue anglaise, fait remarquer Arthur Sweetman, un professeur de sciences sociales à l'Université McMaster de Hamilton, en Ontario.

Les barrières culturelles et linguistiques nuisaient, et ont continué à nuire aux immigrants qui espéraient rétrécir l'écart salarial entre eux et les travailleurs nés au Canada, a-t-il ajouté.

Dans les années 1990, les nouveaux arrivants ont été durement affectés par la récession.

Et dix ans plus tard, le fossé s'est creusé davantage encore. Une situation que l'on peut attribuer à l'éclatement de la bulle technologique: pendant la période de croissance, le Canada avait fait appel à de nombreux travailleurs spécialisés en technologie. Quand tout s'est dégonflé, le pays s'est retrouvé aux prises avec un excédent de travailleurs, indique Gernett Picot, de Statistique Canada.

Mais depuis, le fossé salarial n'a cessé de s'accroître, et aucune raison précise ne peut l'expliquer, estime Arthur Sweetman.

Certes, une partie du problème réside dans le fait que les employeurs canadiens se méfient souvent des diplômes obtenus à l'étranger et de l'expérience de travail. En somme, un immigrant qui, sur papier, semble posséder une formation et une expérience équivalentes à celle d'un Canadien, n'est pas reconnu à la même valeur, croit Mikal Skuterud, de l'Université de Waterloo.

D'autre part, les nouveaux arrivants ne possèdent pas le même réseau de contacts que les travailleurs nés au Canada qui ont pu en établir un au cours des années, ajoute M. Skuterud.

La progression des salaires entre les travailleurs nés au Canada et les nouveaux arrivants est, par ailleurs, inégale.

Et ce sont surtout les minorités visibles qui en souffrent. Si Mikal Skuterud se méfie des études qui jettent le blâme sur les employeurs racistes, il reconnaît que cette question ne peut être éludée. «Il existe de la discrimination», juge-t-il.