Le ministre de l'Industrie, Tony Clement, a demandé à des responsables de se pencher sur des informations selon lesquelles des clients payants de Statistique Canada auraient obtenu des données jusqu'à 59 secondes avant leur publication à large échelle.

M. Clement a déclaré mardi à des journalistes qu'il s'inquiétait de la possibilité que certains clients aient eu accès à des données pouvant avoir une influence sur les marchés.

«Si les informations sont avérées, il s'agirait d'une situation gênante, a dit M. Clement aux journalistes, mardi. J'ai demandé immédiatement aux responsables d'étudier la situation, de me livrer les faits.»

Bloomberg, l'un des dix clients payants de Statistique Canada, a laissé entendre que l'agence donnait à ses distributeurs une petite avance pour traiter les données.

L'agence de presse cite un responsable de Statistique Canada disant que l'agence fédérale avait cessé cette pratique le 25 novembre après avoir été informée par Bloomberg de la réception hâtive de l'information.

Il n'y a aucune allégation que les données aient été utilisées par les distributeurs pour transiger en Bourse.

Un porte-parole de Statistique Canada, Claude Graziadei, a soutenu que le problème était dû à une brèche informatique et affirmé qu'une enquête préliminaire avait déterminé que trois de ses clients avaient pu accéder à des données à l'avance.

«Aussitôt que nous avons découvert la (brèche), nous avons fait changer les paramètres du système, et essentiellement, nous avons bouché le trou», a-t-il fait valoir.

Outre Bloomberg, les autres clients payants sont le Conference Board du Canada, EcoWin AB, Emerging Markets Economic Data, FactSet Research Systems, IHS Global Insight, Haver Analytics, Moody's Economy.Com, Nomura Research Institute et Thomson Financial Investment Management Group.

M. Graziadei a indiqué que les responsables examinaient les relevés de ces compagnies pour déterminer à quel moment ces clients ont effectivement téléchargé les données.

Le porte-parole a ajouté qu'il serait difficile de savoir si ces données ont été utilisées à mauvais escient.

«Nous voulons évaluer l'ampleur de la situation car nous ignorions complètement ce qui se passait», a dit M. Graziadei.

Quelques secondes seulement auraient été amplement suffisantes pour un courtier en devises pour faire de l'argent avec ces informations, a fait valoir le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de finances, Thomas Mulcair.

«La devise canadienne est parmi les plus transigées au monde. Si vous en savez seulement un peu plus que vos collègues, vous pouvez faire une fortune en faisant circuler d'importantes sommes. Et il semble que ce soit le cas», a affirmé M. Mulcair.

L'an dernier, Statistique Canada a resserré la sécurité lors de ses séances d'information à huis clos après des soupçons qu'un rapport sur l'emploi avait été publié et utilisé par des investisseurs pour effectuer des transactions sur la devise canadienne.

Une enquête menée à l'époque n'avait pas confirmé une fuite.

Sur son site web, l'agence précise qu'elle donne à des responsables fédéraux clés un accès anticipé à «un petit nombre de statistiques économiques», l'après-midi avant leur publication.