L'ombudsman des Forces canadiennes se dit frustré par la façon dont l'armée traite les familles des soldats morts.

En conférence de presse, jeudi à Ottawa, Pierre Daigle a souligné que les familles en deuil reçoivent rarement le soutien et les informations dont elles ont besoin, et qu'il n'y a pas de politique nationale pour s'occuper de ces familles.

M. Daigle a également indiqué que plusieurs familles ne recevaient pas à temps les informations entourant la mort de leur être cher. Plusieurs d'entre elles ont attendu des années avant de recevoir les détails sur ces décès, ce qui est «inexcusable» aux yeux de l'ombudsman.

M. Daigle a ajouté que les Forces canadiennes devraient offrir un siège permanent aux familles au sein des commissions d'enquête portant sur la mort ou sur les blessures graves d'un être cher.

L'ombudsman a précisé qu'il avait écrit au ministre de la Défense, Peter MacKay, à propos de ces problèmes, mais qu'il n'avait reçu que des réponses décevantes.

«Tout ce que les familles demandent, c'est : «Dites-moi ce qui s'est passé?» Donnez-leur autant d'informations que possible pour qu'ils puissent passer à autre chose dans leur vie», a-t-il déclaré.

M. Daigle a affirmé avoir été assuré à plusieurs reprises que les familles des militaires étaient une priorité; malgré tout, rien ne change. Régler le problème ne coûterait rien, a-t-il précisé. «Il n'y a rien de compliqué ici. C'est le facteur humain, c'est un problème humain. La famille a perdu quelqu'un, alors vous prenez soin d'elle.»

Le gouvernement Harper se présente comme un fier supporteur des Forces canadiennes, et le ministre MacKay utilise souvent les soldats comme toile de fond pour des photos. Ce dernier a d'ailleurs rapidement émis un communiqué, jeudi, en réponse aux critiques répétées de M. Daigle.

«Le bien-être des militaires et de leur famille continue d'être d'une importance capitale pour moi et pour le gouvernement. Je sais que c'est également l'une des priorités personnelles du chef d'état-major de la Défense», lit-on dans le communiqué.

«Les Forces canadiennes sont résolues à améliorer continuellement le soutien accordé aux membres des familles de militaires, et elles accordent une grande valeur à leur contribution et aux sacrifices qu'ils ont consentis.»

Près d'un an plus tôt, le 14 décembre 2009, le ministre avait offert une réponse similaire aux inquiétudes de l'ombudsman. Rien n'a changé depuis, soutient ce dernier, qualifiant l'absence de gestes concrets d'«inexcusable» et d'«inconcevable».

Ce n'est pas la première allégation dommageable de mauvais traitement de soldats et de familles militaires à être dévoilée cet automne. Le ministère des Anciens Combattants est sur la sellette pour sa gestion de dossiers personnels de vétérans et pour le régime de compensation pour les vétérans blessés et leurs proches.