Le gouvernement Harper a déployé des isoloirs temporaires en toute urgence, cette semaine, dans l'espoir d'éviter que la vague de protestations aux États-Unis contre les fouilles dans les aéroports ne déborde de ce côté-ci de la frontière.    



Ces isoloirs, dont l'installation a commencé mardi, ont été placés bien en vue des passagers. Mais grâce à deux rideaux disposés en forme de «L», ils permettront de mener des fouilles tactiles de manière plus privée pour ceux qui le demandent.

De telles fouilles peuvent être imposées aux passagers lorsqu'ils refusent de se soumettre à celles par scanner corporel. Ces scanners à ondes millimétriques qui ressemblent à des cabines d'ascenseur reproduisent l'image d'un corps sans vêtement. On en compte aujourd'hui 36 au Canada.

L'initiative s'inscrit dans le cadre d'une offensive lancée par le gouvernement afin de rassurer la population canadienne sur les méthodes de fouilles utilisées dans les aéroports du pays.

De plus en plus d'Américains protestent contre une nouvelle politique qui permet aux agents de toucher les parties intimes des passagers. Le phénomène a donné lieu à quantité de vidéos sur l'internet, dont un, «Don't Touch my Junk», qui montre un homme menaçant un agent: «Si vous touchez à mes parties, je vais vous faire arrêter!»

Mercredi, les médias ont rapporté que la journée nationale de boycottage des scanners corporels, appelée «Opt Out Day», s'était avérée un échec. Les autorités craignaient que l'opération ne perturbe les activités aéroportuaires à la veille du très chargé week-end de l'Action de grâces.

Explications du ministre

Néanmoins, le ministre canadien des Transports, Chuck Strahl, a multiplié les explications, en après-midi, tandis que l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) lançait une campagne de communications sur son site web.

«Ce que vous pouvez voir sur YouTube sont des exemples américains de fouilles tactiles assez provocatrices qui n'existent pas au Canada», a affirmé le ministre Strahl.

«L'ACSTA ne fait pas cela. Elle n'a aucune intention de le faire», a-t-il tranché.

Un porte-parole de l'ACSTA, Mathieu Larocque, a reconnu que l'installation des isoloirs avait été faite plus tôt que prévu. «On devait en installer un peu plus tard, mais on l'a fait maintenant pour être certains que les passagers soient au courant que l'option est disponible», a-t-il déclaré.

Tout ce débat a inspiré une touche d'humour au chef du Parti libéral, Michael Ignatieff: «Quand vous faites le travail que je fais, vous êtes dans des aéroports toute la journée. Donc j'ai des gens qui touchent mes parties intimes à longueur de journée», a-t-il lancé aux journalistes.