Des bocaux de cornichons produits en Inde ont été retirés des rayons des supermarchés parce qu'ils contenaient des morceaux de verre, a-t-on appris. Depuis deux semaines, les chaînes de magasins IGA et Loblaw ont retiré, de façon préventive, les cornichons vendus par leurs marques maison, Compliments et Le choix du Président.

Chez IGA, les cornichons de la marque privée ont disparu des étalages des épiceries dès le 28 octobre, en raison de la possible présence de morceaux «de matière étrangère», dit Anne-Hélène Lavoie, porte-parole d'IGA au Québec. «C'est un rappel vraiment préventif. Pour l'instant on va faire les tests et vérifier que tout est conforme», dit-elle.

Chez Loblaw le retrait a également été volontaire, répond Josée Bédard, directrice principale des affaires corporatives du groupe Loblaw. «Nous sommes en lien avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments mais vous comprendrez qu'on a des démarches à finaliser avant de confirmer quoi que ce soit s'il y a quelque chose à confirmer», dit Mme Bédard.

La nouvelle n'est pas passée inaperçue chez les producteurs et transformateurs de légumes québécois qui se sont fait damer le pion, notamment sur le marché du cornichon, par leurs concurrents indiens. «Si ça fait jaser? Certainement. L'Inde est un compétiteur qui vend à bien meilleur prix que ce qu'on peut faire avec notre main-d'oeuvre», raconte Philippe Blondin, vice-président aux approvisionnements de la corporation alimentaire Whytes.

Selon M. Blondin, la concurrence n'a pas épargné les producteurs de cornichons québécois. Il y a moins de 10 ans, le Québec produisait encore 25 000 tonnes de concombres, contre 8000 tonnes seulement pour cette année. On compte désormais une douzaine seulement de producteurs de cornichons dans la province.

La mésaventure des marques privées des chaînes de supermarchés devrait amener les consommateurs québécois à remettre en question leurs choix, espère Judith Lupien, directrice générale de la Fédération québécoise des producteurs de fruits et légumes de transformation.

«Quand on achète un produit de l'Inde, oui, il est moins cher mais ce n'est pas la même qualité», croit-elle. Les aliments importés au Canada ne font toujours pas l'objet de normes similaires à ceux produits ici. «La réciprocité des normes est importante. Quand on exige de la part des producteurs et des transformateurs canadiens des règles environnementales, de main-d'oeuvre, de salubrité, il est important que les règles soient les mêmes avec les produits importés, sinon la concurrence devient inégale.»