Le mouvement spirituel Falun Gong, interdit en Chine, émet des doutes sur l'impartialité du nouveau juge de la citoyenneté Marcel Tremblay, qu'il accuse d'avoir un préjugé défavorable à leur endroit et d'avoir déjà agi sous l'influence de Pékin dans le cadre de ses fonctions d'élu à Montréal.

Dans un communiqué, le Falun Gong fait état de cas qu'il considère comme flagrants des «tactiques» d'influence et d'ingérence employées par Pékin pour «persécuter» ses opposants au Canada ou les empêcher de s'exprimer.

Le mouvement dénonce notamment les pressions exercées par Marcel Tremblay sur l'organisateur de la Carifiesta, en juillet 2009, pour faire expulser du défilé la fanfare du Falun Gong. À cette époque, le frère du maire de Montréal était membre du comité exécutif et responsable des communautés culturelles.

Marcel Tremblay reconnaît qu'il est intervenu: «J'ai informé l'organisateur qu'il y avait d'autres raisons plus politiques à la présence du groupe. Je lui ai demandé si c'était l'endroit pour faire ça. Je lui ai dit de faire attention à ce groupe, mais je n'ai pas voulu forcer sa sortie.»

Lucy Zhou, porte-parole du Falun Gong au Canada, a de son côté «des raisons d'être préoccupée». Si, écrit-elle dans un courriel, le juge Marcel Tremblay «a essayé de faire exclure la fanfare d'un événement ouvert à tous», il pourrait, dans ses nouvelles fonctions, «causer le même préjudice aux personnes qui pratiquent le Falun Gong» et qui veulent obtenir la citoyenneté canadienne.

Ne pas se fâcher avec la Chine

L'ex-élu montréalais soutient que Montréal doit maintenir des liens étroits avec la Chine: «On ne pouvait pas envisager de faire des choses qui pourraient poser problème avec la Chine. J'ai eu la chance d'être invité en Chine lors de la construction du Centre communautaire et culturel chinois de Montréal. J'ai établi des liens là-bas.»

Le gouvernement chinois a interdit le Falun Gong en 1999, après que des milliers d'adeptes eurent encerclé pacifiquement la place Tian'anmen pendant quelques heures. Si l'on en croit les témoignages de dissidents et transfuges, les services secrets chinois traqueraient systématiquement les membres du Falun Gong dans le monde entier par.

Au mois de juin, le directeur du SCRS, Richard Fadden, a déclaré que plusieurs politiciens provinciaux et municipaux agissent sous l'influence de gouvernements étrangers, laissant sous-entendre que la Chine figure dans cette liste noire. Depuis, Richard Fadden a transmis un rapport nominatif au ministre de la sécurité publique, Vic Toews.

Marcel Tremblay assure qu'il ne se sent pas visé par ces allégations. Dans un grand éclat de rire, il nie avoir agi sur les conseils ou les ordres d'officiels chinois.

Le frère du maire a quitté la politique en 2009 après son échec aux élections municipales. Il a été nommé juge de la citoyenneté en avril 2010 par le ministre Jason Kenney. La cérémonie d'investiture a eu lieu au Centre culturel chinois, rue Clark, à Montréal.

Le juge de la citoyenneté en bref

Il y a 25 juges de la citoyenneté en fonction au Canada, dont 3 au Québec. Ils sont nommés à temps plein ou partiel pour une période maximale de trois ans. Ils ont entre autres la responsabilité de «déterminer si les personnes qui demandent la citoyenneté satisfont aux exigences de la Loi sur la citoyenneté et de son règlement».

- Avec la collaboration de William Leclerc