Le maire de Québec Régis Labeaume devra faire preuve de beaucoup de conviction s'il veut rallier les maires des grandes villes de l'Est du Québec à son projet d'amphithéâtre multifonctionnel.

Le maire de Rimouski et premier vice-président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Éric Forest, a déclaré que M. Labeaume s'est «désolidarisé» en annonçant que la Ville de Québec quittait le regroupement.

M. Forest a affirmé vendredi qu'il serait pour le moins contradictoire pour M. Labeaume de tenter d'obtenir des appuis de nombreux maires membres de l'UMQ après les avoir quittés en laissant planer des doutes sur leur intégrité.

«Un terrain fertile à l'appui, c'est la solidarité, a-t-il dit lors d'une entrevue téléphonique. Je ne peux pas vous dire hypothétiquement aujourd'hui si un projet, par exemple, que ce soit l'amphithéâtre ou autre, quel impact ça va avoir quant à des appuis éventuels par rapport à ses projets sur Québec.»

Jeudi, M. Labeaume a annoncé que sa municipalité quittait l'UMQ parce que le regroupement refuse d'augmenter sa présence dans son antenne de la capitale.

Le maire de Québec a aussi servi un camouflet au président de l'UMQ et maire de Saint-Jérôme, Marc Gascon, en affirmant que des doutes planent sur son intégrité.

Dans sa croisade pour obtenir le soutien financier d'Ottawa pour la construction d'un nouvel amphithéâtre à Québec, un projet estimé à 400 millions $, M. Labeaume a notamment fait valoir que cet équipement servirait tout l'Est québécois.

Vendredi, M. Forest a indiqué que les 42 maires membres du conseil d'administration de l'UMQ ont serré les rangs derrière M. Gascon, jeudi, à la suite d'une réunion provoquée par le départ de Québec.

Aucun vote de confiance n'a été tenu mais aucun opposant ne s'est manifesté autour de la table, a indiqué M. Forest.

«On a eu un exécutif et si quelqu'un avait voulu demander la démission, il l'aurait fait et ça n'a pas été le cas du tout», a-t-il dit.

De son côté, le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, a déclaré vendredi qu'une vérification comptable sur le processus d'octroi de contrats à Saint-Jérôme permettra de voir clair dans les allégations qui pèsent sur M. Gascon.

Tout en reconnaissant que M. Labeaume avait le droit de s'exprimer, M. Lessard a cependant constaté que dans son attaque, le maire de Québec a ratissé large.

«S'il visait quelqu'un, tout le monde s'est senti concerné», a-t-il dit.

Lors d'une entrevue à l'Assemblée nationale, M. Lessard a cependant bien précisé qu'il ne veut pas présumer de rien dans ce dossier.

«Si quelqu'un à quelque chose à reprocher au maire, et que ça s'avère avéré, et qu'à la fin il est sanctionné, alors nécessairement que l'UMQ prendra une décision de remplacer son représentant, a-t-il dit. Mais si ce n'est pas le cas, alors moi je ne veux pas être le bourreau des intentions en partant. M. Gascon a le droit de se défendre.»

Le président de la Fédération des municipalités du Québec, Bernard Généreux, a affirmé que les déclarations de M. Labeaume sont très graves.

«Quand un maire d'une ville de l'importance de Québec invoque l'intégrité pour quitter une association, c'est immense», a-t-il dit.

M. Généreux, dont le regroupement réunit 7000 municipalités de plus petite taille que celles représentées par l'UMQ, a répété qu'une enquête publique sur la construction est plus que jamais nécessaire.

«Il faut nettoyer les écuries et l'environnement dans lequel on est et ce n'est pas à moi comme président de la FQM à juger si tel individu est pris ou non en défaut ou s'il a un comportement éthique ou pas», a-t-il dit.

Sans vouloir présumer de la validité des allégations qui pèsent sur M. Gascon, M. Généreux a répété que les motifs invoqués par M. Labeaume sont sérieux.

«Il faudra probablement en savoir plus que jouer seulement au niveau des allégations, a-t-il dit. J'imagine que (M. Labeaume) est assez grand pour assumer ses affirmations et qu'il a ménagé ses arrières. Parce qu'on est à la limite de ce qui pourrait être de la diffamation.»