La question des crimes dits d'honneur sera à l'ordre du jour de la prochaine rencontre des ministres de la Condition féminine, en juillet.

En entrevue à La Presse, la ministre Christine St-Pierre, responsable du dossier de la Condition féminine dans le cabinet Charest, a confirmé l'information. L'idée a germé au cours de discussions à bâtons rompus tenues lors de la réunion de l'an dernier, où ses consoeurs et elle-même avaient exprimé des préoccupations pressantes à ce sujet.

Les ministres des différentes provinces chercheront ensemble les meilleurs gestes à faire pour attaquer de front ces meurtres perpétrés contre des femmes au nom de prétendues prescriptions religieuses ou de traditions culturelles.

«On sait que certaines choses peuvent être faites à l'arrivée des immigrants, dit Mme St-Pierre. On peut par exemple les sensibiliser au principe de l'égalité entre les hommes et les femmes, comme on le fait déjà au Québec.»

«On peut se dire qu'il y a peu de cas (de crimes d'honneur). Mais un seul cas, c'est un cas de trop», a dit la ministre.

Sujet délicat

Qu'est-ce qui jaillira de cette rencontre, au mois de juillet? Peut-on envisager que les ministres de la condition féminine fassent front commun pour que le Code criminel alourdisse les peines liées aux crimes d'honneur?

Il est trop tôt pour l'envisager, dit la ministre St-Pierre.

D'autant plus que la question est délicate. La ministre fédérale Rona Ambrose, qui a cet enjeu très à coeur, l'a appris à ses dépens l'été dernier quand elle a avancé l'idée d'un tel amendement au Code criminel pour inclure expressément un article sur les crimes d'honneur.

Le Conseil canadien des femmes musulmanes avait alors bondi, estimant que cela stigmatiserait inutilement les immigrés.

Jean-Claude Hébert, avocat en droit criminel, n'avait pas donné tort à cet organisme dans le sens où, à son avis, le Code criminel, avec la notion de meurtre prémédité, a déjà ce qu'il faut pour punir les coupables de tels crimes. Tout au plus pourrait-on ajouter le crime d'honneur à la liste des circonstances aggravantes qui alourdissent déjà certaines peines, comme lorsque quelqu'un a commis un crime haineux, avait alors évoqué Me Hébert.

Dans la tourmente, la ministre Ambrose avait un peu altéré son discours dans une conférence de presse ultérieure à Montréal. Elle avait cependant profité de sa tribune pour inciter les leaders des communautés culturelles à dénoncer haut et fort les crimes d'honneur, qui «ne peuvent être justifiés par des motifs culturels» «ni excusés par la rectitude politique».