Il a 38 ans, des boucles brunes, un sourire franc, un charisme fou. Et il est devenu, lundi soir, le premier musulman élu à la tête d'une grande ville canadienne. Calgary a choisi pour maire Naheed Nenshi, un nouveau venu sur la scène politique qui n'a pas fini de faire parler de lui.

«Je n'ai pas peur de la couleur de ma peau, je n'ai pas peur de ma foi, je n'ai pas peur de mon éducation ou de mon expérience, a-t-il dit à la télévision après son discours de victoire. Cela fait partie de toutes les choses qui constituent Naheed, et cela fait partie de toutes les choses qui constituent Calgary.»

Avec ce vote sans précédent, la capitale albertaine, reconnue pour sa culture cow-boy, entreprend un changement majeur. La fièvre de la «révolution violette», comme a été désignée la campagne de Naheed Nenshi, s'est emparée de la ville, dont les citoyens ont été nombreux à arborer chandail ou cravate mauve.

Une campagne habile

Au début de la campagne, personne n'aurait pu prédire la montée fulgurante de Naheed Nenshi. Mais au fil des semaines, il s'est faufilé parmi les trois favoris. Il a finalement coiffé ses rivaux au fil d'arrivée, avec quelque 40% des votes. Le conseiller municipal d'expérience Ric McIver et l'ancienne chef d'antenne Barb Higgins (qui ont récolté respectivement 32% et 26% des suffrages) ont dû lui concéder la victoire.

Naheed Nenshi a mené une campagne habile avec des idées simples, mais efficaces. Il n'a pas hésité à utiliser les médias sociaux, dont Twitter et Facebook, pour se faire connaître. Ce sont même ses nombreux amis Twitter qui l'ont aidé à choisir sa cravate pour la soirée électorale.

Sur YouTube, il a mis en ligne une vidéo humoristique où il discute de la manière de prononcer son nom. «Je ne sais pas comment le dire, conclut une femme, mais il semble le genre de personne à qui je peux faire confiance.»

Si sa religion n'a pas pris une place démesurée durant sa campagne, elle semble en déranger quelques-uns depuis son élection. Le conservateur Kyle Fawcett, député provincial de la circonscription de North Hill à Calgary, est l'un d'eux. Il a publié un message sur sa page Twitter lundi soir dans lequel il dit que l'élection de Naheed Nenshi est «une grave erreur».

Qui est-il?

Naheed Nenshi est issu d'une famille modeste ; ses parents ont émigré de la Tanzanie. Il a grandi à Calgary et a fréquenté l'école publique, ce qui ne l'a pas empêché d'obtenir une maîtrise en politique publique de l'Université Harvard. Devenu consultant, il est aujourd'hui professeur d'administration à l'Université Mount Royal de Calgary.

Le violet, couleur de son parti, est le résultat du mélange des couleurs qu'arborent les partis traditionnels, le rouge et le bleu. Mais cela ne veut pas dire que Naheed Nenshi propose des changements en demi-teintes. Les transports en commun sont au coeur de ses priorités, ainsi que la bonne utilisation des fonds publics et la lutte contre la pauvreté.

Ces défis ne lui font pas peur : la révolution violette de Naheed Nenshi ne fait que commencer.

- Avec The Globe and Mail, The Gazette et La Presse Canadienne.