Redoutant le blocus des agriculteurs sur les sentiers balisés, les motoneigistes préparent déjà un plan «B» qui pourrait faire mal aux régions du Québec.

L'Association des motoneigistes du Québec a amorcé des discussions avec des promoteurs ontariens, américains et néo-brunswickois, pour contourner les risques d'interdiction d'accès aux sentiers québécois. Le porte-parole de l'association, Patrick Boucher, estime qu'il n'a d'autre choix que de lorgner les marchés frontaliers du Québec.

Le gouvernement se garde toutefois une carte dans sa manche qu'il dévoilera au cours des prochaines semaines, pour éviter le pire et trouver une solution.

Les demandes de touristes affluent auprès des bureaux touristiques et, chez les détaillants, les ventes se transigent généralement au cours de l'automne. Afin d'éviter des pertes qui pourraient atteindre jusqu'à 1,5 milliard de dollars en retombées diverses, l'industrie se fait proactive et, ce, même si elle n'a rien à voir avec les moyens de pression des agriculteurs.

En fait, le gouvernement du Québec et la Financière agricole n'ont toujours pas réglé le conflit qui les oppose au chapitre des subventions en agriculture. Les producteurs agriculteurs ont donc décidé d'imposer un blocus sur les sentiers de motoneige.

L'Union des producteurs agricoles (UPA) a décidé de freiner l'accès aux terres de ses membres en Abitibi-Témiscamingue. Des producteurs de Lanaudière, de l'Outaouais et des Laurentides menacent de faire de même.

Ce blocus prend racine dans une guerre contre l'assureur principal du milieu, soit la Financière agricole. L'UPA n'arrive pas à s'entendre sur les compensations à verser en cas de pertes de production.

L'interdiction d'accès n'est pas un mot d'ordre mais les clubs de motoneigistes ne peuvent se permettre de jongler avec l'incertitude alors que les demandes de réservations se font de plus en plus abondantes.

«Nous avons commencé à discuter avec les clubs américains. Au Vermont, les White Mountains où il y a de la neige autant qu'au Saguenay dans les Monts Valin. On ne se gênera pas pour inviter les médias à filmer les motoneigistes qui traverseront la frontière canado-américaine», a indiqué M.  Boucher, qui déplore les pertes que ce mouvement entraînera au Québec.

Le gouvernement espère pour sa part que les programmes d'aide aux agriculteurs qui seront annoncés sous peu satisferont les producteurs et sauveront la saison de motoneige.

Le porte-parole du ministre Laurent Lessard, Sylvain Bourassa, n'a pas été plus précis sur ces mesures d'adaptation, mais a indiqué que l'enveloppe s'élèverait à une centaine de millions de dollars sur cinq ans.

«On espère que ça va résorber le conflit, a-t-il commenté en entrevue téléphonique. On comprend les inquiétudes des adeptes de motoneige et des gens de l'industrie touristique, mais on est aussi conscients des préoccupations des producteurs des régions.»