Le Barreau du Québec «ne recommande pas» de décriminaliser l'euthanasie ou le suicide assisté. Il conseille plutôt d'en «assouplir l'application», a expliqué hier Me Michel Doyon, qui présidait le Barreau jusqu'au printemps dernier.

Le Barreau a présenté hier son volumineux mémoire à la Commission sur la question de mourir dans la dignité. Que signifie «assouplir l'application» ? Sous certaines conditions strictes, une personne majeure et apte à donner son consentement devrait pouvoir mettre fin à ses jours avec l'aide d'un médecin.

La maladie devrait toutefois être «incurable» - soit causer des souffrances «constantes et insupportables» malgré les traitements, ou être «terminale» - et le diagnostic devrait prédire la mort en moins de six mois.

Si le malade n'est pas apte à donner son consentement, le Barreau tolérerait qu'on se fie à une déclaration antérieure, pourvu qu'elle date de moins de cinq ans.

De telles conditions sont nécessaires pour éviter les «abus», soutient Me Doyon. Si elles sont remplies, un médecin ne devrait pas être poursuivi au criminel.

Le Barreau souhaite élargir le débat. S'il s'agit de permettre une mort digne, alors il faut aussi parler de soins palliatifs et de fin de vie.

L'Association des retraitées et retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec (AREQ) partage cet avis. Elle demande s'il faut légiférer pour un cas d'exception comme l'euthanasie. La priorité, selon elle, sont les soins palliatifs et de fin de vie. Elle veut aussi «combattre l'âgisme» et réviser la politique de soins palliatifs.

L'AREQ compte 54 000 membres. Dans un sondage CROP réalisé auprès de 1000 d'entre eux, 66% des répondants se sont dit en faveur de l'euthanasie (28% très favorables, 38% plutôt favorables). Fait intéressant, les résultats varient selon l'âge des répondants. Les personnes de 65 ans et plus sont en faveur de l'euthanasie à 59%. Chez les moins de 65 ans, la proportion grimpe à 77% (marge d'erreur de 3 points de pourcentage, 19 fois sur 20).