L'ancien député britannique George Galloway devrait arriver samedi au Canada pour une série de conférences qu'il avait dû annuler l'an dernier.

Le politicien, reconnu pour son franc-parler, avait été informé il y a 18 mois qu'il ne pourrait entrer au pays en raison, disait-on, de son appui au terrorisme.

Un récent jugement de la Cour fédérale rendu lundi a conclu que le gouvernement fédéral avait interféré dans le dossier pour des raisons politiques.

Ainsi armé de ce jugement, M. Galloway a confirmé, mercredi, qu'il visiterait finalement le Canada, alors qu'il devait y venir en mars 2009.

S'exprimant à partir de Londres via le logiciel de communication Skype, le politicien s'en est pris au ministre de l'Immigration Jason Kenney pour l'avoir qualifié de terroriste et avoir tenté d'étouffer ses visées anti-guerre.

«Je m'en viens vers vous avec mes arguments, M. Kenney», a déclaré George Galloway.

«Je vais établir que vous êtes soit un naïf, soit un fripon - peu importe, que le peuple du Canada mérite mieux que vous.»

Le ministre n'était pas immédiatement disponible pour commenter.

«Il est clair que les efforts pour garder M. Galloway hors du pays avaient plus à voir avec une antipathie envers ses opinions politiques qu'avec une réelle inquiétude qu'il se soit engagé dans des activités terroristes ou qu'il soit membre d'une organisation terroriste», a statué le juge Richard Mosley.

Des documents démontrent que le bureau de M. Kenney était clair dans son opposition à la visite de 2009, avec son porte-parole écrivant que le ministre ne pouvait passer outre «le genre de choses dont George Galloway fait la promotion».

À l'époque, le ministre Kenney avait publiquement dit : «Je crois que les individus qui supportent, font la promotion et aident les organisations terroristes ne sont pas nécessaires pour visiter le Canada».

George Galloway a affirmé que les allégations de terrorisme lui avaient causé des torts importants.

Non seulement lui ont-elles coûté son siège tenu de longue date à la Chambre des communes britanniques en mai, mais elles l'ont personnellement mis en danger, ont réduit sa capacité de voyager et ont causé de l'anxiété et du stress, à lui et à sa famille.

«Je ne suis pas, et n'ai jamais été, un terroriste ou une menace à la sécurité du Canada ou de partout ailleurs», a-t-il dit.

L'avocate torontoise Barb Jackman a indiqué que le jugement de la cour démontrait que le gouvernement minoritaire de Stephen Harper utilisait les lois canadiennes pour faire avancer son propre agenda politique et que des fonctionnaires étaient entrés dans l'arène politique en appui au gouvernement.

Des partisans du militant pacifiste espèrent maintenant que le gouvernement canadien ne cherchera plus à faire taire les voix qui critiquent sa politique étrangère.

M. Galloway a dit espérer que la «correction judiciaire» que leur a infligée le juge Mosley incitera M. Kenney et ses collègues à accepter la défaite.

Mais une porte-parole de l'Agence des services frontaliers du Canada a fait savoir que la décision de permettre à M. Galloway d'entrer au pays sera prise si jamais il arrive à l'Aéroport international Pearson, et au moment où il y arrivera, samedi.