Un Canadien soupçonné d'espionnage au profit des États-Unis a été empêché de quitter la Libye pour «raisons de sécurité», a rapporté lundi le journal libyen Oéa.

Douglas Oriali, qui détient également les nationalités irlandaise et australienne, est soupçonné de collaborer avec les renseignements américains «en vue de collecter des informations visant à faire échouer un projet de forage au large de la Libye du groupe pétrolier britannique BP».

Un «responsable libyen de haut rang» cité par le journal a précisé que M. Orliali s'était présenté à son arrivée en Libye comme un archéologue venu en touriste.

Le responsable a précisé que M. Oriali a été placé sous surveillance et a été interdit de sortie du pays après la découverte de «contacts entre le Canadien et un diplomate américain en Libye soupçonné lui aussi d'être un agent des renseignements».

Contactée par l'AFP, l'ambassade du Canada à Tripoli s'est refusée à tout commentaire.

Mais des «sources de l'ambassade», citées par le journal, ont affirmé que M. Oriali est retenu dans son hôtel à Tripoli et qu'il a été interrogé à deux reprises par la sécurité libyenne qui a confisqué son ordinateur portable et son téléphone.

Durant les interrogatoires, il a fourni aux autorités ses numéros de comptes accessibles sur l'internet et le contenu de son e-mail, a encore ajouté Oéa.

BP avait indiqué fin juillet qu'il comptait démarrer une campagne de forage en eaux profondes au large de la Libye «dans quelques semaines», en vertu d'un accord conclu avec la Libye en 2007, avant de reporter son projet au deuxième semestre.

Ces forages doivent se dérouler à 1700 mètres de profondeur, légèrement supérieure à celle du puits de Deepwater Horizon, la plate-forme de BP dont l'explosion a déclenché fin avril la pire marée noire de l'histoire des États-Unis.

La préparation de cette campagne a renforcé les critiques à l'encontre de BP aux États-Unis, où certains responsables soupçonnent la compagnie d'avoir exercé des pressions sur les autorités britanniques en vue d'obtenir la libération du Libyen Abdelbaset al-Megrahi, condamné pour l'attentat de Lockerbie en 1988, afin d'obtenir ce contrat d'exploration.