La police de Toronto enquête sur un vol de matériel informatique au siège social du Congrès tamoul canadien. Si les enquêteurs affirment ne pas avoir de suspect en vue, l'organisation tamoule, elle, craint que le cambriolage soit l'oeuvre d'agents secrets sri-lankais.

Pour le moment, la police de Toronto confirme qu'elle a ouvert une enquête sur une entrée par effraction qui aurait eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche au siège social du Congrès tamoul canadien, au 31 Progress Avenue, à Scarborough. «Quand nos agents sont arrivés, il y avait des signes d'effraction. Il semble aussi que du matériel informatique ait été pris», a dit hier à la presse l'agente Isabelle Cotton, de la police de Toronto.

Craintes de représailles

Selon le porte-parole du Congrès tamoul canadien (CTC), David Poopalapillai, les voleurs se seraient emparés d'un ordinateur qui contenait une foule de renseignements sur les familles des 492 demandeurs d'asile arrivés au Canada le mois dernier à bord d'un cargo thaïlandais, le MV Sun Sea. «Des groupes ont intérêt à mettre la main sur ces renseignements, dont des agents secrets qui travaillent pour le Sri Lanka», a affirmé M. Poopalapillai.

«Plusieurs des demandeurs d'asile ont été témoins de crimes de guerre au Sri Lanka. Le gouvernement sri-lankais refuse que les Nations unies enquêtent sur son territoire, mais les passagers du MV Sun Sea pourront témoigner au Canada. Le gouvernement sri-lankais est prêt à tout pour les faire taire. Nous craignons que leurs familles soient victimes de représailles», a indiqué hier le porte-parole du CTC.

La Presse a appelé le haut-commissariat du Sri Lanka à Ottawa pour recueillir des commentaires, mais ses appels sont restés sans réponse.

Tensions d'après-conflit

Malgré la fin de la guerre civile au Sri Lanka, l'an dernier, après la victoire de l'armée sri-lankaise contre les rebelles de l'Armée de libération de l'Eelam tamoul (Tigres tamouls), les relations entre la minorité tamoule et le gouvernement, mené par la majorité cinghalaise bouddhiste, restent extrêmement tendues.

Plusieurs organisations internationales de défense des droits de l'homme accusent à la fois les autorités sri-lankaises et les Tigres tamouls d'avoir commis des crimes contre l'humanité pendant la guerre civile, qui a duré 25 ans. Néanmoins, de récentes études démontrent qu'une large part de la diaspora tamoule canadienne appuie toujours les Tigres tamouls.

Le Congrès tamoul canadien est l'organisation la plus visible de cette diaspora, qui compte 300 000 personnes au Canada - la plus grande du monde. Le CTC est très actif depuis l'arrivée du MV Sun Sea. Pour le moment, les 492 demandeurs d'asile sont détenus en Colombie-Britannique, dont 1 seul pour des raisons de sécurité.