Les travailleurs agricoles provenant du Mexique et d'une quarantaine d'autres pays n'auront plus à subir d'examen médical avant de venir travailler au Québec ou ailleurs au Canada.

La mesure, qui touche aussi les visiteurs à long terme en provenance de ces pays, a été annoncée par Citoyenneté et Immigration Canada, cette semaine, par voie de communiqué, mais elle est passée pratiquement inaperçue.

Or, les employeurs de ces travailleurs agricoles étrangers ignoraient, semble-t-il, le changement de politique du gouvernement fédéral. C'est même La Presse Canadienne qui l'a appris au représentant des employeurs agricoles concernés au Québec.

«C'est une grande surprise», s'est exclamé René Mantha, directeur général de FERME, la Fondation pour le recrutement de main-d'oeuvre agricole étrangère. L'organisme regroupe les entreprises agricoles du Québec qui emploient ces travailleurs agricoles saisonniers provenant généralement du Mexique, du Honduras, du Guatemala et du Salvador.

Citoyenneté et Immigration Canada a annoncé, mercredi, que «la plupart des visiteurs à long terme en provenance du Mexique, de la Croatie, des Bahamas et de 42 autres pays et territoires peuvent maintenant entrer au Canada sans se soumettre au préalable à un examen médical».

Le ministère prend soin de préciser que «des examens médicaux ne seront plus requis pour les travailleurs agricoles provenant de ces 45 pays et territoires».

Citoyenneté et Immigration Canada justifie le changement de politique par sa volonté de trouver un juste équilibre «entre l'accueil des visiteurs et des nouveaux arrivants au Canada et la protection de la santé et de la sécurité des Canadiens».

Au service des relations avec les médias du ministère, au Québec, la porte-parole Nancy Caron a expliqué que le retrait du Mexique de la liste des pays «désignés» desquels le Canada exigeait des examens médicaux s'explique par une simple mesure de l'incidence de la tuberculose dans ce pays.

«Les modifications annoncées découlent de l'examen régulier de la moyenne sur trois ans du taux d'incidence de cas de tuberculose dans tous les pays et les territoires. Un seuil de 15 cas sur 100 000 personnes est utilisé pour déterminer si un pays ou un territoire doit être inclus sur la liste de pays et de territoires désignés», explique le ministère.

Lorsqu'un pays est «désigné», une personne qui provient de ce pays et qui demande à venir au Canada pour une durée de plus de six mois doit subir l'examen médical réglementaire de l'Immigration.

Mais M. Mantha, du regroupement FERME, s'étonne que les employeurs n'aient pas été consultés. «Éliminer complètement un examen médical, je ne suis pas sûr que les employeurs canadiens vont être favorables. On va probablement demander le maintien de l'examen médical. Pour les touristes, je peux comprendre, mais pour les travailleurs qui s'en viennent ici pour travailler pendant six mois, huit mois, c'est nécessaire d'avoir un minimum de sécurité.»

FERME a bien l'intention de soulever la question lors de la prochaine réunion avec les autorités fédérales, en novembre prochain.

Au ministère, cependant, la porte-parole Nancy Caron ajoute que «si un employeur veut exiger un examen supplémentaire, libre à lui de le faire».

Citoyenneté et Immigration Canada souligne que 40% des personnes qui sont visées par cet abandon de l'exigence d'un examen médical sont des Mexicains.

Par exemple, si la mesure avait été en vigueur en 2009, ce sont 6000 Mexicains de moins qui auraient dû passer cet examen médical, précise le ministère.

Parmi les 45 pays et territoires visés, on retrouve, en plus du Mexique: l'Iran, la Croatie, la Bulgarie, l'Arabie saoudite, les Bahamas, la Serbie, la Syrie, Singapour, les îles Canaries, l'île de Pâques.